Retour à la nature au cimetière d'Aytré, en Charente-Maritime

Pas de marbre, de béton, ni de vernis. Tout juste de vraies fleurs et des couronnes. Aytré, commune mitoyenne de La Rochelle, ouvre ce 1er novembre un cimetière naturel, inspiré de celui de Niort, pionnier en France.

Sur les 40.000 cimetières français, ces modèles naturels sont encore très minoritaires mais Aytré n'est pas la seule commune à imiter Niort qui a ouvert la voie en 2014.

Ivry-sur-Seine, près de Paris, Périgueux ou Plaisance (Vienne), ont également créé des espaces similaires ces dernières années et "La Rochelle prépare le sien pour l'année prochaine", selon le maire d'Aytré Tony Loisel (divers droite).

Des cimetières forestiers, où les défunts reposent au pied d'un arbre, ont également vu le jour dans le Morbihan ou en Moselle et le village d'Arbas (Haute-Garonne) a même ouvert une forêt funéraire, une parcelle où les familles peuvent déposer les cendres de leurs proches décédés.

A Aytré, l'ensemble rappellera les cimetières américains qui préfèrent le gazon aux stèles en marbre.

Sur cet espace de 170 sépultures, dont l'agrandissement est déjà planifié, pas de caveau en béton ou de plaque: seule une pierre naturelle gravée de taille modeste et placée au sol, au niveau de la tête du défunt, est autorisée.

Les linceuls sont en fibres naturelles et les défunts ne peuvent pas avoir subi de traitement chimique de thanatopraxie (conservation du corps).

- Reprise de concession facilitée -

Les cercueils doivent être fabriqués en bois brut, sans vernis ni peinture, ou bien en carton, voire en mousse naturelle agglomérée, et les fleurs et couronne artificielles sont proscrites. Tout doit être naturel et fonctionnel, par souci d'économie.

La mairie de cette commune de 10.000 habitants a consacré un budget de 40.000 euros pour planter des palmiers, des ifs et des haies fleuries, soit peu ou prou le même coût qu'un cimetière classique. Mais les économies se réalisent lors de l'entretien dans ce cimetière déjà largement boisé.

Il ne reste alors que la gestion des plantations et la récupération des emplacements. Pas de caveau à détruire, pas de plaque de marbre à traiter, seulement des ossements à placer dans l'ossuaire.

"Dans l'ancien cimetière, une reprise de concession coûte presque 10.000 euros à la commune, souligne la première adjointe au maire Marie-Christine Millaud. On en a déjà repris 100 en 2020-2021 et 70 en 2022-2023."

"Socialement, cela remet tout le monde au même niveau", estime également Tony Loisel. Cet espace est aussi conçu pour tous, athées, croyants de toutes religions, adeptes de l'inhumation ou de la crémation.

Avant même l'ouverture du cimetière naturel, la mairie a reçu une quinzaine de demandes. Mais il n'est pas possible non plus d'y réserver son emplacement. "Les tombes sont ouvertes à la suite, pour faciliter l'entretien du lieu et de la végétation", justifie le maire.