Réouverture des terrasses et commerces: un "jour de fête" pour tout le monde

Cafés en terrasse, file d'attente devant les magasins: les clients ont commencé à profiter mercredi de la réouverture des cafés, restaurants et commerces dits "non-essentiels", malgré une météo parfois incertaine et avec le sentiment d'un retour à la normale.

. "Dur de dire non"

Après une après-midi rythmée par les averses, le soleil semblait enfin vouloir venir en aide aux cafés et restaurants parisiens.

A l'heure des sorties de bureau, un seul couple était attablé au Bal Rock, bar du 2e arrondissement plus connu pour ses diffusions de match en intérieur que pour sa terrasse. "On espère que ça va affluer un peu", témoigne le patron, Andy Ferrari.

"Le temps fait qu'on n'a pas eu foule", surtout avec l'impossibilité d'abriter ses tables sous un auvent, indique-t-il. Pour "garder une sécurité quand même", il a placé des QR codes sur les tables, permettant aux clients de s'enregistrer et d'être prévenus si un cas de Covid-19 est décelé par la suite.

A quelques mètres de là, le bistro La Java attire au contraire la foule. Pour suivre le rythme des nouveaux arrivants, les serveurs sortent tables et chaises depuis l'intérieur. Au point que le gérant, Serge Morin, demande de "calmer le jeu".

S'il n'est pas sûr d'avoir bien compris le fonctionnement de la jauge à 50%, évoquant une "ambiguïté" à propos de l'extension de la terrasse, il reconnait qu'"il faut quand même qu'on fasse attention". Mais "en même temps, c'est dur de dire non, surtout que ce sont surtout des habitués".

C'est le cas de Maureen et Margaux, dans la vingtaine, qui comptaient se retrouver à deux mais seront finalement rejointes par d'autres amis. "Il y a moyen que ça se termine à dix", s'amuse Maureen, qui se dit "très parisienne" et à qui les terrasses "manquaient". "On en parlait tout le temps!"

. Entre euphorie et "semi-liberté"

A Bordeaux, assis avec des amis à la terrasse d'un restaurant du centre-ville piétonnier, Arnaud assure: "avoir pris (s)a journée spécialement" pour un "jour de fête entre amis". Ils sont une douzaine et occupent trois tables séparées. "On a commencé ce matin, là on déjeune. On a prévu de tenir la journée ! Jusqu'au couvre-feu qui a été repoussé", dit-il. "Revoir du monde, découvrir de nouvelles têtes, c'est important, on en a besoin", explique à côté Fiona. "Les bars, les restos en terrasses, c'est aussi du lien social", lance également Matthieu, qui a commencé la journée "par une petite bière à la fraise".

A Lyon, Olivier, 56 ans, attablé à une table du Café des Jacobins, bondé de monde, décrit un moment "exceptionnel". Pour sa voisine Farida, 65 ans, "il y a de la vie, ça change absolument tout!".

Mais malgré ces retrouvailles autour d'un verre et l'euphorie qu'elles procurent, les règles demeurent.

Alexandre, parisien d'une trentaine d'années, parle, lui, de "semi-liberté": "nous avons le droit à la terrasse mais pas à l'intérieur", déplore-t-il accompagné de deux amis. "On a hâte que ça revienne à la normale", ajoute son voisin Jacques, qui a commandé un mojito.

. Bonne reprise pour les commerces

Pour les centres commerciaux, le redémarrage est plutôt favorable, avec un pointage à 18H00 faisant état d'une augmentation d'"un peu plus de 20%", à nombre de magasins comparable, par rapport au même jour de l'année dernière, "qui était une semaine après la réouverture" post premier confinement, explique à l'AFP Gontran Thüring.

"On s'attendait à une bonne reprise. C'est quand même un chiffre important qui porte sur 170 centres et 10.000 commerces", poursuit le délégué général du Conseil national des centres commerciaux (CNCC). Et "l'activité en terme de chiffre d'affaires est en règle générale meilleure que la fréquentation, avec un bon taux de transformation", le nombre de visiteurs qui effectuent un achat.

Sylvia, aide-soignante de 34 ans, aurait bien attendu que "la vague (d'affluence) soit passée", mais sa fille avait "des besoins précis" qui l'ont poussée à faire la queue devant l'une des boutiques du centre commercial de la Part-Dieu à Bordeaux.

Si les grosses affluences en rayons sont surtout attendues en fin de semaine, "il y avait déjà la queue devant Zara et Berschka alors que ce n'était pas encore ouvert", témoignent deux lycéennes de 18 ans, Sophia et Camélia, qui ont... séché les cours pour l'occasion. "Ça remonte le moral de faire du shopping et de voir la réouverture des terrasses. Ça donne encore plus envie de gaspiller de l'argent!"

Un jeune public se pressait aussi mercredi après-midi devant les boutiques de mode de la rue de Rivoli à Paris, notamment Courir et Pull & Bear. Les Galeries Lafayette ont elles enregistré dans leur magasin du boulevard Haussmann 1.500 clients sur la première heure d'ouverture, et a rempli ses objectifs de fréquentation, voire fait mieux, selon l'entreprise.

Dans le quartier de République, Christian Mora n'avait lui reçu qu'un client en fin d'après-midi dans sa boutique de prêt-à-porter, le 26 Brumaire. "Et encore, il voulait un pantalon qu'il n'avait pas pris lors des soldes d'hiver, j'ai été obligé de lui faire un prix!", plaisante le commerçant. "Ça n'a pas encore vraiment repris, d'autant qu'on n'a pas un temps de collection printemps/été, et qu'on reprend en milieu de semaine, pour la journée des enfants... J'aurai des gens samedi, il faut garder le moral!"

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