Rejets toxiques de Sanofi : une association de riverains porte plainte

L'Association des riverains des sites industriels du Bassin de Lacq (Arsi), dans les Pyrénées-Atlantiques, a déposé plainte vendredi contre le groupe pharmaceutique Sanofi et les autorités en charge du contrôle de l'usine du groupe à Mourenx, dont la production a été suspendue lundi en raison de rejets toxiques.

La plainte pour "mise en danger d'autrui et administration de substances nuisibles" a été adressée par courrier au procureur de la République du Pôle santé publique du parquet de Paris, a indiqué à l'AFP l'avocat de l'association, Me Jean-François Blanco.

Selon la plainte, les quantités des rejets émis transmises par Sanofi en octobre 2017 laissaient apparaître notamment des émissions de bromopropane à plus de 180 grammes par m3 alors que la limite fixée par un arrêté préfectoral de juin 2009 s'établissait à 2 mg/m3.

"Malgré cela, la fabrication n'a pas été interrompue", déplore Me Blanco. "Les rejets auraient même empiré car selon de nouvelles mesures transmises en mars 2018 à l'administration, il est fait état d'une concentration du produit à 300 grammes par m3 soit 190.000 fois plus que la limite fixée par l'arrêté", souligne t-il.

"Ce n'est que sous la pression médiatique que le 9 juillet 2018 Sanofi a annoncé l'arrêt de sa production à Mourenx", s'indigne l'avocat. "Ce qui veut dire que depuis de nombreux mois Sanofi à Mourenx rejette des quantités considérables de composés organiques volatils (COV) dont le très dangereux bromopropane", estime Me Blanco.

Les riverains reprochent également à la préfecture "que sa seule réponse a été, au vu du contrôle de septembre 2017, puis de la transmission (aux autorités) des résultats en mars 2018, de mettre en demeure l'industriel de régulariser sa situation sous peine de mesures administratives".

"L'industriel et l'administration ont considéré qu'il était tolérable que les émissions toxiques perdurent et qu'une solution éventuelle attende trois mois pour être mise en place. Cela démontre les négligences graves de Sanofi et son indifférence à la protection de la santé des habitants", ajoutent-ils dans leur plainte, estimant que "les défaillances des autorités administratives sont lourdes".

Sanofi a annoncé lundi l'arrêt immédiat de la production de son usine chimique de Mourenx, qui produit l'antiépileptique Dépakine, après la révélation par des associations écologistes d'émissions hors norme de rejets toxiques.

Selon France nature environnent (FNE), ces dépassements ont été rendus possibles parce que Sanofi ne contrôlait pas les trois colonnes de son usine, mais une seule. Jamais contrôlées, les deux autres ont envoyé des "quantités astronomiques de polluants dans l'air", selon l'association.

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