Le projet de réforme de la sûreté nucléaire risque de déstabiliser les équipes d'experts, déjà approchés par d'autres employeurs potentiels, a mis en garde mercredi le directeur général de l'IRSN, promis au démantèlement par le gouvernement.
Dans cette période transitoire, après l'annonce d'une réforme sans autre détail qu'une fusion avec l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), "c'est une inquiétude", a dit Jean-Christophe Niel, auditionné au Sénat sur le projet de disparition de son Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN).
Il cite le cas d'une unité de l'ISRN, le BEHRIG, spécialisé dans les inondations et autres risques liés au changement climatique: ses experts "ont été tous contactés par un laboratoire d'EDF disant +si vous voulez venir chez nous, vous pouvez+. Donc le risque qu'on court en ce moment c'est aussi celui-là: la déstabilisation des équipes".
"Pour les salariés de l'IRSN, c'est une période déstabilisante, au moment où les opérateurs vont chercher à recruter" sur fond de relance du nucléaire, a-t-il expliqué. "Nos gens sont compétents et ils sont bien connus des opérateurs."
Le gouvernement a annoncé le 8 février son intention de supprimer l'IRSN, expert public de la sûreté nucléaire et notamment des centrales, en vue de "fluidifier les processus d'examen" au moment où l'Elysée porte un programme de relance de l'atome.
La présidente de la commission des Affaires économiques du Sénat, Sophie Primas, a exprimé mercredi le "grand mécontentement" des sénateurs de voir arriver un "sujet aussi important" par deux amendements gouvernementaux au projet de loi d'accélération du nucléaire que le Sénat a déjà examiné.
Elle a déploré "beaucoup d'improvisation pour des choses bien sérieuses", "source de désorganisation", et le "risque de défiance des citoyens" alors qu'il est question de construire de nouveaux réacteurs.
Les dirigeants de l'ASN ont pour leur part voulu rassurer sur les "excellentes relations" entretenues avec leurs collègues de l'IRSN, le "renforcement de l'ouverture à la société" ou encore leur capacité à accueillir 1.800 personnes quand ils en regroupent aujourd'hui 500.
Pour autant à ce stade, "ne nous fixons pas une obligation de moyens alors qu'on n'a même pas commencé à réfléchir à la manière dont on va s'organiser", a plaidé le président de l'ASN Bernard Doroszczuk, exprimant son souhait de proposer "quelque chose de nouveau qui soit le plus efficace possible et s'inspirant des meilleures pratiques".
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