L'ancien président du Conseil constitutionnel Jean-Louis Debré a étrillé mercredi le référendum sur le climat annoncé par Emmanuel Macron, "de l'agitation" et un "piège politique" pour tenter de rebondir en cas de "double échec" aux régionales et départementales.
"Chaque fois qu'il y a un problème, on ne cherche pas à le régler mais à modifier la Constitution", c'est "la façon de ne pas agir sur le concret", a fustigé Jean-Louis Debré devant l'Association des journalistes parlementaires (AJP).
"La Charte de l'environnement, déjà adossée à la Constitution", a une "valeur constitutionnelle", selon une décision des Sages. Par conséquent, ce que propose le chef de l'Etat "ne sert à rien", estime l'ancien président de l'Assemblée nationale et fils de Michel Debré, l'un des principaux rédacteurs de la Constitution de 1958.
Emmanuel Macron a ouvert la voie lundi à un référendum pour intégrer la défense du climat et la préservation de l'environnement dans la Constitution. Mais cette réforme constitutionnelle doit d'abord faire l'objet de votes identiques de l'Assemblée et du Sénat.
"Si on annonce ce référendum, ce n'est pas pour le référendum", mais à cause de "l'angoisse" d'un "double échec" aux élections régionales et départementales, estime Jean-Louis Debré, ancien élu de droite et intime de Jacques Chirac.
Ce référendum, ils "l'ont imaginé comme un piège politique", une "manoeuvre pour casser les partis politiques et les concurrents", considère-t-il.
Missionné par le gouvernement, Jean-Louis Debré a remis un rapport mi-novembre pour préconiser un report des élections régionales et départementales au mois de juin en raison de la crise du coronavirus, une recommandation que le gouvernement compte suivre.
Mercredi, l'ancien président de l'Assemblée a affirmé que la majorité poussait au départ pour un report des élections après la présidentielle.
"Quand on m'a demandé (un rapport), en réalité, c'est ce que souhaitait le président de l'Assemblée (Richard Ferrand), c'était pour que je puisse dire qu'il n'y avait pas d'élections régionales et cantonales possibles avant les présidentielles. Moi, je leur ai dit que si c'était ça qu'ils voulaient, ce n'était pas la peine de compter sur moi", a-t-il assuré.
"Le pouvoir est obsédé par la dynamique que peut donner à un an des présidentielles un double échec aux régionales et aux départementales", selon Jean-Louis Debré.
Pour la présidentielle, l'ancien ministre s'inquiète de l'absence de "leaders" à droite comme à gauche. "Aujourd'hui, qui émerge ? Emmanuel Macron a été justement élu sur ce vide. Il a joué sur le grand dégagisme, mais quand vous jouez sur le grand dégagisme, ça peut jouer contre vous", a-t-il prévenu.