Recylex demande son placement en redressement judiciaire

Le spécialiste du recyclage des métaux Recylex (ex-Metaleurop), en difficulté depuis des années, a demandé son placement en redressement judiciaire, n'ayant pu trouver un accord avec ses créanciers pour restructurer sa dette, a annoncé le groupe vendredi.

"La société n'aura pas la trésorerie suffisante pour faire face à ses passifs", a-t-elle souligné, alors qu'une grande partie de sa dette devient exigible après ce vendredi 15 avril.

"Par conséquent, la société sera en état de cessation des paiements et s'apprête à solliciter l'ouverture d'une procédure de redressement judiciaire devant le Tribunal de commerce de Paris", indique-t-elle dans un communiqué.

"C'est une mort à laquelle on s'attendait, évidemment", a réagi Albert Lebleu, salarié de Metaleurop pendant 33 ans et président de l'association Choeurs de Fondeurs, qui s'est notamment battue pendant 19 ans pour obtenir des indemnisations pour des salariés licenciés. Il a formé le voeu "que ces actifs industriels soient repris, pour préserver les emplois et peut-être se redévelopper par la suite avec un autre actionnaire".

Recylex compte en France trois sites industriels, à Escaudoeuvres (Nord), Villefranche-sur-Saône (Rhône), et celui désormais arrêté de l'Estaque, à Marseille. Les deux encore en activité emploient une soixantaine de personnes dans le recyclage de batteries au plomb-acide et le recyclage de déchets en polypropylène (plastique).

Une offre a été faite pour la reprise de ces deux usines, avec maintien de l'activité et de l'emploi, par la société de droit belge Campine NV, mais elle est encore conditionnelle, note Recylex.

Cette offre reste soumise à un accord entre Campine et les services de l'État sur le montant des garanties financières que le repreneur devrait mettre en place en cas de rachat de ces deux sites classés "Seveso".

Avec l'ouverture d'une procédure de redressement judiciaire, le tribunal pourrait examiner l'offre de Campine ainsi qu'une solution judiciaire à la restructuration de la dette de Recyclex, relève le groupe.

Recylex affiche un endettement net global de 52,2 millions d'euros, auquel s'ajoutent des provisions pour risques et passifs environnementaux de 16,2 millions.

- "Échec" d'une conciliation -

À sa demande, le tribunal avait ouvert en juin 2021 une procédure de conciliation entre le groupe et ses partenaires financiers et créanciers, en l'occurrence son actionnaire historique Glencore International, la Commission européenne et SNCF Réseau.

Recylex avait en effet été condamné en mai 2021 à payer, solidairement avec Retia, une filiale de TotalEnergies, jusqu'à 63,3 millions d'euros à SNCF Réseau pour la remise en état du domaine public ferroviaire dans le secteur de l'Estaque.

Le groupe doit aussi 26,7 millions d'euros à Bruxelles, une amende infligée pour son implication dans une entente sur les prix d'achat de batteries automobiles usagées, de 2009 à 2012, avec trois autres entreprises du secteur.

Mais la procédure de discussion, menée sous la houlette d'un conciliateur, "s'est soldée par un échec".

Et le produit issu d'une vente possible des deux usines à Campine serait inférieur à 2,5 millions d'euros, notamment en raison des investissements importants à réaliser sur ces deux sites.

Ces deux coups durs financiers étaient venus plomber une situation déjà difficile pour l'industriel, affecté par la baisse des cours des métaux mais surtout par les difficultés de ses filiales allemandes.

L'ex-Metaleurop, devenu Recylex en 2007, avait largement fondé ses débouchés sur ces filiales. Mais ce choix est devenu problématique quand sa fonderie allemande a été confrontée à de grandes difficultés industrielles, avec un nouveau four qui n'a jamais fonctionné comme prévu, pompant investissements et trésorerie.

Recylex avait ainsi perdu en 2020 le contrôle de ses quatre entités allemandes, qui avaient dû faire l'objet d'une procédure de sauvegarde devant la justice outre-Rhin.

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