Une recherche d'excellence mais de moins en moins attractive, des PME et start-up pleines d'idées mais qui restent dans les cartons: un rapport sénatorial s'alarme jeudi du "retard" de la France en matière d'innovation, et prône une série de mesures pour "sortir de l'impasse".
"L'incapacité de la France à développer un vaccin contre le Covid-19 a rappelé brutalement qu'elle ne faisait plus partie des Etats leaders dans l'innovation", souligne en préambule le rapport de la mission d'information sur "l'excellence de la recherche", créée à l'initiative du groupe Les indépendants - République et Territoires (centre-droit) du Sénat.
En une centaine de pages, le document liste les "erreurs" en matière de soutien à l'innovation. Il pointe la "faiblesse" des dépenses en R&D (recherche et développement), conséquence de la "désindustrialisation massive de la France".
"Depuis plus de 20 ans nos dépenses en R&D stagnent à 2,2% (du PIB, NDLR) alors que l'Union européenne s'était fixé 3%. Et depuis 2010, notre dépense moyenne par étudiant baisse chaque année de 0,8%", a détaillé Vanina Paoli-Gagin, rapporteure de la mission, lors d'une conférence de presse.
"Les conséquences sont désastreuses pour la recherche française, qui est excellente mais recule régulièrement dans les classements internationaux", a déploré la sénatrice de l'Aube.
Malgré les politiques publiques de soutien - comme le plan de relance France 2030 - "nous se sommes pas capables de transformer l'essai et nos jeunes pousses, faute de financement, sont achetées par des sociétés étrangères... bref, nous fournissons de l'innovation bon marché à nos concurrents", a complété Christian Redon-Sarrazy (groupe socialiste, écologiste et républicain), président de la mission.
Il est donc urgent de "sortir de l'impasse" et de "rattraper le retard" au niveau international si la France ne veut pas devenir un "pays de sous-traitance", avertit le sénateur. En adoptant une "stratégie globale d'innovation" dès aujourd'hui mais "sur le temps long", afin de "préparer l'industrie de demain".
Parmi les propositions: la mise en place de lois pluriannuelles de programmation, l'une pour l'enseignement supérieur et la recherche, l'autre pour l'innovation - à l'instar de la loi de programmation pour la recherche votée en 2020, pour un financement sur 10 ans. Et une "revalorisation massive des rémunérations des enseignants et chercheurs" dont le montant n'est pas précisé.
Les sénateurs recommandent de simplifier les dispositifs d'aide à l'innovation dont trop de PME et start-up se privent par "manque de lisibilité". Résultat: leur "génie créatif", phagocyté par une "bureaucratie trop complexe", ne peut s'exprimer, selon Vanina Paoli-Gagin.
Pour mieux les accompagner, il faut "réorienter" certaines mesures fiscales": réforme du crédit impôt recherche, doublement du plafond du crédit d'impôt innovation à 800.000 euros, création d'un "coupon recherche innovation" de 30.000 euros à destination des PME.