Réacteurs EPR à Gravelines: EDF doit prouver que son système de renforcement du sol est sûr

EDF doit fournir des éléments prouvant que son plan pour renforcer le sol du site destiné à accueillir les deux futurs réacteurs nucléaires EPR2 à Gravelines (Nord), au bord de la mer, est sûr et fiable, selon des documents de l'Autorité de sûreté nucléaire et de radioprotection (ASNR) rendus public jeudi.

Dans un avis du 23 juillet, l'ASNR souligne qu'EDF devra "démontrer la robustesse de sa solution de renforcement de sol" de fondation du site de Gravelines, au vu du "défi technique majeur" du système proposé par l'électricien, "d'une ampleur sans précédent, d'une grande complexité" et sans équivalent dans le monde.

L'avis a identifié "des points de vigilance concernant la justification du comportement de ces renforcements en cas de séisme".

"Les particularités de ce site, caractérisé par un sol meuble sur une forte épaisseur, et la masse importante des unités de production EPR2", plus imposantes que les modèles déjà présents à Gravelines, "rendent nécessaire la mise en place d'un renforcement du sol avant toute construction", explique l'ASNR.

Le site se distingue par "un sol de qualité plutôt médiocre" fait d'un "mélange d'argiles et de sable", "qui présente une risque d'enfoncement plus important", a expliqué à l'AFP Julien Collet, directeur général adjoint de l'ASNR.

Il s'agit d'un sujet qui "présente des enjeux industriel et de sûreté importants" à Gravelines, a-t-il ajouté. Raison pour laquelle, l'ASNR a décidé d'en engager l'instruction de manière anticipée, en amont de la future "demande d'autorisation de création" de ces réacteurs qu'EDF prévoit de déposer "dans les prochains mois".

Sur la base de son avis, l'ASNR a précisé dans un courrier adressé à EDF mardi "les éléments qu'elle estime nécessaires pour démontrer l'acceptabilité technique d'un système de renforcement du sol".

Le gendarme du nucléaire, qui prendra une position définitive probablement courant 2026 selon M. Collet, recommande notamment à EDF de définir des "exigences de performance pour le système de renforcement du sol" et de démontrer "de manière robuste" que ce système répond à ces exigences.

"Cet avis implacable de l'ASNR est une nouvelle preuve que les critères de choix des sites de construction de nouveaux réacteurs EPR2 sont largement questionnables", a réagi Pauline Boyer, chargée de campagne nucléaire pour Greenpeace France. L'ONG antinucléaire avait publié en octobre 2024 un rapport accusant la filière de ne pas prendre la mesure du risque de submersion marine dans ce projet.

EDF relativise pour sa part: ces recommandations "font partie des échanges techniques que mène EDF avec l'ASNR", indique l'électricien, qui souligne la nécessité d'étudier les caractéristiques de "chaque site" d'implantation des EPR, avec à Gravelines des "particularités géologiques" à prendre en compte.

Emmanuel Macron a acté en 2022 la relance d'un programme nucléaire, qui prévoit la construction de 3 paires de réacteurs, d'abord à Penly (Seine-Maritime), puis à Gravelines et au Bugey (Ain), avec une mise en service à Penly à l'horizon 2038 pour le premier.