Rapprochement Suez-Veolia: environ 10.000 emplois menacés dans le monde (DGA de Suez)

En cas de rapprochement entre Veolia et Suez, environ 10.000 emplois dans le monde seraient menacés, a indiqué mardi le directeur général adjoint de Suez, qui rejette le projet de fusion souhaité par son rival.

"Evidemment que ça aboutirait à une casse sociale. On l'a chiffrée à 10.000 personnes dans le monde dont 4 à 5.000 en France", a déclaré Jean-Marc Boursier devant quelques journalistes, en marge d'une visite du Centre international de recherche sur l'eau et l'environnement de Suez dans les Yvelines.

Il a précisé que ces calculs avaient été faits "ensemble" avec Veolia en 2012, lorsqu'un rapprochement entre les deux groupes avait déjà été envisagé, puis abandonné, les discussions ayant notamment achoppé sur la probable position dominante sur le marché de l'eau en France de la nouvelle entité qui aurait été créée.

"Quand on a vu le caractère effroyable du nombre de licenciements qu'on devait faire, on a refermé le dossier", a souligné M. Boursier.

Mais fin août, Veolia a de nouveau manifesté son intérêt pour son concurrent, et Suez n'a depuis lors cessé de défendre son indépendance et sa capacité à atteindre ses objectifs de façon "autonome".

"Cette opération ne fait pas de sens pour nous", a réitéré M. Boursier, soulignant qu'elle était "inopportune", tant pour les clients du groupe, que ses salariés et même ses actionnaires. Elle aboutirait à un "affaiblissement de la concurrence", ce qui se traduirait par une hausse des prix pratiqués envers les collectivités, a-t-il estimé.

Les salariés du groupe seraient éparpillés, car Veolia devrait revendre différentes activités pour répondre aux exigences des lois antitrust. "A un moment où la crise sanitaire est en train d'évoluer en crise économique, en crise sociale (...) quelle est la logique de détruire des emplois en France ?", a martelé M. Boursier.

Mardi matin, lors d'une manifestation des salariés de Suez à La Défense, le secrétaire (CGT) du Comité d'entreprise européen de Suez, Franck Reinhold von Essen, avait également évoqué "une grosse casse sociale" en cas de rapprochement.

"L'autorité de la concurrence demandera certainement à Veolia de céder des pans entiers d'activité. Il y aura forcément une grosse casse sociale (...) Ce sont 29.000 emplois chez Suez (en France), dont 75% devront être cédés. Si on applique le taux de 20% qui est retenu pour les restructurations, cela fait 4 à 5.000 emplois supprimés" en France, a-t-il détaillé.

Le groupe Suez bataille depuis fin août pour son indépendance, depuis que son actionnaire principal, Engie, s'est vu offrir par Veolia de lui céder ses 29,9% de parts pour 2,9 milliards d'euros. Le géant de l'énergie a jusqu'au 30 septembre pour répondre à la proposition.

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