Qualité de l'air: le gouvernement contre-attaque au secours des ZFE

Au secours des zones à faibles émissions (ZFE), le gouvernement a réuni lundi experts en santé publique et élus locaux pour défendre leurs bienfaits contre la pollution de l'air, non sans essuyer quelques critiques sur la baisse des aides à l'achat de véhicules électriques.

Accusées par des élus de tous bords de pénaliser les ménages modestes, les ZFE sont sur la sellette depuis le vote d'un amendement les supprimant, adopté fin mars par des députés lors des travaux préparatoires au projet de loi sur la simplification de la vie économique.

Initiées en 2019 et étendues en 2021, les ZFE entendent limiter les émissions de particules fines - responsables de maladies respiratoires et de 40.000 décès prématurés par an, selon l'organisme Santé publique France - en excluant de leur périmètre certains véhicules très anciens et polluants, identifiés par les vignettes Crit'Air 3 ou plus selon les villes.

Les débats sont censés reprendre le 30 mai dans l'hémicycle, sous réserve d'une avancée sur d'autres textes, mais le gouvernement a annoncé qu'il prévoyait un amendement pour rétablir les ZFE.

"La pollution de l'air est responsable d'environ neuf mois de vie en moins", a plaidé Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition écologique, lors d'un déplacement lundi matin dans une station d'AirParif de mesure de la qualité de l'air.

Il y a encore "une quarantaine d'agglomérations", regroupant près d'un tiers de la population française, où la pollution dépasse les recommandations de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), plus strictes pour l'heure que les recommandations françaises et européennes, a-t-elle ajouté.

- Dispositif "très allégé" -

La ministre a donc sonné la contre-attaque avec François Rebsamen et Yannick Neuder, ses homologues de l'Aménagement des territoires et de la Santé, en réunissant lundi après-midi des élus locaux, associations et experts lors d'un inédit "Roquelaure de la qualité de l'air", du nom de l'hôtel particulier abritant son ministère.

Mme Pannier-Runacher a défendu la position de l'exécutif: faire adopter un "dispositif très allégé", maintenant seulement l'obligation pour Paris et Lyon, les deux points noirs, et laissant la liberté aux autres collectivités de mettre en place ou non une ZFE, avec une période d'adaptation jusqu'au 31 décembre 2026.

Les élus présents, favorables au principe des ZFE, en ont toutefois profité pour faire entendre leurs griefs.

"C'est le gouvernement qui doit décider que sur ces deux ZFE", celles de Paris et Lyon, "les aides puissent revenir à un niveau qui permet aux gens qui ont moins les moyens d'être capables de changer de véhicule", a soutenu M. Ollier, président de la métropole du Grand-Paris.

En 2025, la subvention pour l'achat d'une voiture électrique est passée de 7.000 à 4.000 euros pour les ménages les moins aisés.

"N'oublions pas que la France, à la différence de l'Allemagne, a maintenu ses bonus écologiques", s'est défendu la ministre, tout en réitérant sa supplique à Bercy pour que l'enveloppe des malus écologiques soient entièrement consacrée à aider la population à s'équiper en voitures propres.

De son côté, la mairie de Paris rappelle qu'elle "n'abandonnera pas la ZFE", mais dénonce en l'état une "ZFE des riches" du fait notamment de la suppression des aides à la reconversion, a exposé lundi David Belliard, maire adjoint chargé des transports, non présent à la réunion.

Environ 47.000 ménages "vulnérables" et dépendants de leur voiture sont concernés par la ZFE francilienne, a poursuivi l'élu écologiste, citant les chiffres de l'Atelier parisien d'urbanisme (Apur).

Pour répondre à leurs inquiétudes, la ministre de la Transition écologique a dit lundi regarder "la manière dont le leasing pourrait être en partie fléché sur ces zones où les collectivités locales décident de restrictions de circulation de très vieux véhicules", de plus de 15 ans (diesel) ou 20 ans (essence).

Le sujet dépasse toutefois la pollution causée par les transports. Les cabinets des ministres se félicitent que la qualité de l'air s'est "très nettement améliorée", notamment pour les oxydes d'azote (NOx) qui ont diminué de 31% entre 2017 et 2023 grâce aux politiques publiques sur l'amélioration du chauffage urbain, notamment au bois, mais aussi avec le développement des transports en commun ou des pistes cyclables.

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