Un projet de retenue collinaire au coeur du parc naturel régional des Pyrénées Catalanes, destiné à alimenter les canons à neige de la station de ski des Angles, suscite l'ire de défenseurs de l'environnement dans ce département des Pyrénées-Orientales touché par la sécheresse.
"On ne fait pas une retenue collinaire pour se faire plaisir", s'est défendu vendredi Michel Poudade, le maire des Angles et président des Neiges catalanes, le regroupement de six stations de ski dont celle de son village.
Ce projet à deux millions d'euros, qui prévoit de recueillir 113.000 m3 d'eau sur 2,23 hectares juchés au sommet du roc d'Aude, à plus de 2.300 mètres d'altitude, doit garantir "l'enneigement sur les 30 prochaines années et donc la pérennisation du domaine skiable jusqu'en 2050", assure la municipalité dans un communiqué.
"C'est un équipement industriel pour du tourisme industriel (...) C'est encore orienter la commune vers le déni climatique", dénonce Marc Maillet, le président de la Fédération pour les espaces naturels et l'environnement des Pyrénées-Orientales (FRENE 66).
Dans un communiqué, cette association de défense de l'environnement annonce que "la bataille du roc d'Aude est lancée" et fustige le projet "d'implanter un cratère" dans "l'un des plus beaux points de vue du (massif du) Capcir, en plein parc naturel régional des Pyrénées catalanes".
Le maire de la commune se dit "très serein" face aux recours qui pourraient être déposés.
"Pour l'instant, on en est à demander au maire de retirer sa délibération" devant le conseil municipal concernant la retenue, indique Marc Maillet, qui précise que "si les travaux étaient commencés, nous devrions faire en urgence un référé au tribunal administratif sur l'arrêté du préfet".
Brièvement débutés à l'automne, selon le maire, les travaux reprendront au printemps 2026 avec pour objectif que la retenue soit opérationnelle dès l'hiver 2026-2027.
En plus d'alimenter les canons à neige, la retenue pourrait fournir la lutte contre les incendies, permettre au bétail de s'abreuver et produire de l'électricité hydraulique, fait valoir M. Poudade.
"Ce système ne peut pas tenir", martèle au contraire Marc Maillet. "Avec les sécheresses, avec le réchauffement climatique, non seulement on n'est pas sûr de pouvoir faire fonctionner les canons à neige dans les limites de température auxquelles ils peuvent fonctionner, mais en plus, on n'est pas sûr d'avoir la quantité d'eau espérée."