Projet de loi climat: à chacun son écologie

50 nuances de vert, avec la présidentielle dans le viseur: les groupes politiques vont défendre chacun leur vision de l'écologie, lors des débats à l'Assemblée nationale sur le projet de loi climat.

La majorité "pragmatique"

L'objectif affiché par l'exécutif est que "l'écologie s'incarne dans la vie quotidienne des Françaises et des Français" avec ce projet de loi. A l'image de l'écologie "pragmatique" promue par Emmanuel Macron, qui affirmait d'ailleurs en décembre qu'"aucun gouvernement n'a fait autant pour l'écologie" et pourfendait les "activistes" mécontents de l'issue de la Convention citoyenne sur le climat.

Les députés LREM et leurs alliés vantent d'autres avancées obtenues avec les lois sur l'énergie, les mobilités, l'antigaspillage, et aussi l'abandon de projets dont l'aéroport de Notre-Dame des Landes ou celui d'extraction minière de la Montagne d'Or. Ce bilan peine cependant à convaincre écologistes d'un côté, qui restent sur leur faim, et milieux d'affaires de l'autre, qui considèrent nombre de mesures comme trop contraignantes.

La droite veut redorer son blason

Les Républicains veulent prendre un "virage environnemental" et ne manquent pas de rappeler qu'ils n'ont pas à rougir: la droite a créé le ministère de l'Environnement, organisé un Grenelle, et encore fait adopter la Charte de l'environnement. Ils s'opposent cependant à l'"idéologie écologiste" des Verts et de l'extrême gauche, porteuse de décroissance.

Il s'agit pour les députés LR de porter "une écologie positive, responsable, pragmatique", qui soit celle "du bonus et pas du malus". Or ils voient dans le projet gouvernemental "une loi pour plus de taxes" et des freins au développement économique.

Ecologistes en embuscade

C'est une singularité pour l'examen d'un tel projet de loi: le parti Europe Ecologie Les Verts n'est pas présent au Palais Bourbon. L'écologie politique historique y est représentée par le collectif EDS (Ecologie démocratie solidarité) mené par l'ancien LREM Matthieu Orphelin et l'ex-socialiste Delphine Batho, alliée à EELV en vue de la présidentielle de 2022.

Le collectif a présenté une "proposition pour une vraie loi climat" comprenant 17 articles d'"actions concrètes et opérationnelles" afin d'éviter l'émission de 50 millions de tonnes de CO2 par an, pour une véritable traduction des propositions de la Convention citoyenne pour le climat. Rénovation thermique des logements soutenable pour les plus modestes, prime à la "mobilité durable" ou encore contreparties écologiques aux aides aux entreprises en font partie.

PS et "social-écologie"

Souvent épinglé pour le faible bilan de François Hollande en la matière, malgré l'Accord de Paris en 2015 de portée mondiale, le Parti socialiste a affiché sa bonne volonté ces dernières années en apposant sous son logo l'expression "Social-écologie". Conscients de ne pouvoir disputer à EELV sa légitimité historique sur le sujet, les socialistes insistent sur la nécessité d'y attacher les valeurs traditionnelles de la gauche comme la défense de l'emploi.

Les députés PS plaident par exemple pour les formations dans les métiers liés à la transition écologique, et pour la sobriété numérique.

LFI et la "planification écologique"

La France insoumise se targue d'être tout aussi écologiste qu'EELV. Mais les options divergent parfois. Parti et groupe LFI à l'Assemblée préconisent une "planification écologique" pour une "bifurcation" s'élevant contre les logiques de marché, et non pas une "transition".

Cette planification consiste en des investissements publics massifs orientés vers certains secteurs d'avenir et l'application d'une "règle verte", excluant à chaque niveau de l'action étatique toute ligne de budget en contradiction avec les impératifs écologiques. Parfois critiqué pour son aspect centralisateur, Jean-Luc Mélenchon, candidat à la présidentielle, a récemment précisé que cette planification serait discutée et appliquée à l'échelle communale.

Les communistes se verdissent

Les communistes restent, pour de nombreux écologistes, associés au productivisme industriel et à la défense du nucléaire. Mais leur patron Fabien Roussel, possible candidat en 2022, tente de verdir peu à peu son discours, en prônant notamment le "made in France", la gratuité des transports en commun, mais aussi la réduction du nucléaire à 50% du mix énergétique d'ici 2030 à 2035.

Les députés PCF déplorent que le projet de loi climat "n'acte aucun impératif de justice sociale" et qu'il suive "la logique des marchés" et du capitalisme, jugé destructeur pour la planète.

RN et écologie identitaire

Alors que le RN avait délaissé ce champ, Marine Le Pen entend intégrer l'écologie à son projet présidentiel, sous un angle protectionniste et identitaire. Cette écologie "enracinée" s'appuierait sur les circuits courts, par opposition au "globalisme", avec un contrôle des frontières, mais aussi sur le nucléaire.

La députée du Pas-de-Calais a proposé de consulter les Français sur 15 questions, du nucléaire aux éoliennes, qu'elle fustige, en passant par l'installation des grandes surfaces commerciales, qu'elle veut suspendre. Elle prône en outre un "grand plan" d'isolation des logements, mais refuse d'en faire porter l'effort sur ceux qui n'en ont pas "la capacité financière".

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