Production de bio-carburants à base d'huile de palme: une "absurdité" pour les sénateurs LR

Les sénateurs LR ont qualifié jeudi d'"absurdité" la décision d'autoriser la production de bio-carburants dans la raffinerie de La Mède (Bouches-du-Rhône) à base d'huile de palme importée, synonyme de déforestation.

La décision d'autoriser le Groupe Total à exploiter 300.000 tonnes d'huile de palme importée pour produire des biocarburants dans cette usine "nous apparaît fort éloignée de vos engagements et de l'ambition environnementale qui forgeait votre personnalité politique", écrivent ces élus dans une lettre ouverte Nicolas Hulot, lui demandant de se "ressaisir".

Le ministre de la transition écologique avait lui-même avoué le 31 mai qu'il n'avait pas autorisé de "gaieté de coeur" la raffinerie de la Mède "à rouvrir" et estimé que "l'avenir n'appartient pas à l'huile de palme".

"L'affaire de La Mède nous laisse, à nous parlementaires, un goût amer de défaite avant que la bataille ne soit livrée", ajoutent les sénateurs. "Nous vivons ce feu vert accordé à Total comme un renoncement vis-à-vis de nos impératifs écologiques, et une contradiction avec un modèle agricole duquel est exigé proximité, qualité et durabilité".

En Asie du sud-est, indiquent-ils, les ravages de l'huile de palme "sont responsables d'une disparition tragique de la biodiversité locale, d'une violation des intérêts des populations locales et d'entraves manifestes aux droits humains".

De plus, "cette autorisation soulève à juste titre les inquiétudes de notre monde agricole", ajoutent ces élus. "Alors que les filières colza et tournesol sont en capacité de produire la matière première nécessaire à cette usine, vous avez choisi de privilégier une huile de palme dont la compétitivité est définitivement hors de portée", font-ils valoir.

Lors des questions au gouvernement, la secrétaire d'État Delphine Gény-Stephann, en réponse à une question d'Élisabeth Lamure (LR), a affirmé que "l'approvisionnement de l'usine de la Mède pourra évoluer au fil du temps pour intégrer davantage de matières agricoles françaises".

Les Amis de la Terre ont annoncé qu'ils déposeraient un recours contre l'arrêté autorisant l'exploitation de la bioraffinerie de La Mède devant le tribunal administratif de Marseille.

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