Prix de l'énergie: une piscine bretonne fait la chasse au gaspi

Baisse de la température de l'eau d'un degré, isolation de trois kilomètres de tuyauteries, pilotage des consommations par algorithmes.... Face à la hausse exponentielle des prix de l'énergie, la piscine intercommunale de Chartres-de-Bretagne, près de Rennes, fait la chasse au gaspi.

"Dans le contexte actuel, nous nous attendons à une hausse de plus de 70% de nos dépenses d'électricité pour 2022", estime Stéphane Chatenet, directeur de la piscine de La Conterie. Avec l'aide du syndicat intercommunal, il travaille "depuis dix ans" à limiter les dépenses de cet établissement public construit en 2008. Des efforts couronnés par l'obtention, en mai, du premier label "piscine de demain", qui récompense les piscines publiques françaises les plus écoresponsables.

Souvent considérées comme ruineuses et énergivores, les piscines sont frappées de plein fouet par la hausse du coût du gaz et de l'électricité. Car si le gouvernement a mis en place un "bouclier tarifaire" pour les particuliers et les entreprises, les collectivités ne disposent, elles, d'aucun dispositif spécifique pour réduire leur facture d'énergie.

"Les piscines n'ont pas retrouvé leur niveau de fréquentation d'avant Covid et là, c'est le coup de massue supplémentaire", reconnaît Christophe Bouillon, président de l'Association des petites villes de France (APVF).

A Chartres-de-Bretagne, commune située à une heure de la mer, les élus souhaitent avant tout éviter d'avoir à fermer leur piscine, comme ce fut le cas au printemps à Oissel, mairie communiste de Seine-Maritime. Mises bout à bout, toutes les mesures d'économies réalisées par l'établissement ont permis de consommer moins de kilowattheures aujourd'hui avec trois bassins qu'avec deux en 2012.

Premier poste de consommation d'énergie à La Conterie, l'électricité utilisée pour faire tourner les moteurs et acheminer l'eau dans les bassins, la filtrer, faire circuler l'air, et éclairer les bâtiments. "Depuis 2018, on a baissé de plus de 40% notre consommation d'électricité en équipant nos moteurs de variateurs afin d'ajuster au mieux la consommation à la fréquentation. Les consommations sont également calculées au plus près par des algorithmes", explique M. Chatenet.

- Chaudière au bois -

Côté chauffage, La Conterie se passe de gaz grâce à une chaudière bois alimentée par les douze communes environnantes, la chaudière gaz ne servant "qu'en cas de panne". "La chaudière bois nous a sauvés, mais nous nous attendons à des hausses l'an prochain avec l'augmentation de la demande en bois", poursuit M. Chatenet.

En mai, lorsque le thermomètre a battu des records, décision a également été prise de réduire d'un degré la température des bassins, à 27 degrés, pour faire des économies.

Le plus gros des travaux se situe sous les bassins, où une forêt de tuyaux, longs de plus de trois kilomètres, brillent après avoir été enroulés dans de la laine de roche.

"Ici, c'était comme un immense radiateur, nous chauffions les sous-sols à 27°. Aujourd'hui nous avons perdu 4 à 5 degrés, ce qui permet de gagner 10% de la puissance de la chaudière, et nous récupérons les calories sur les eaux de lavage de filtres", indique le directeur.

L'opération a été entièrement financée par le dispositif des "certificats d'économie d'énergie" (CEE), qui oblige les fournisseurs d'énergie à financer des travaux d'économies d'énergie.

Fort de ces avancées, l'établissement public intercommunal vient d'obtenir le label "piscine de demain", du nom de l'association éponyme qui regroupe les acteurs du secteur des piscines publiques.

"Ce label, assorti de 120 critères, doit permettre aux piscines de mesurer les efforts réalisés en particulier en matière de sobriété énergétique et d'utilisation d'énergies alternatives", explique Arnaud Volpilière, président de l'association, qui souhaite en faire l'équivalent "du classement des hôtels par étoiles".

L'initiative devrait aussi permettre aux piscines de se préparer à l'obligation de réduire d'ici 2030 leur consommation d'énergie de 40% par rapport à 2010, en vertu d'un décret pris dans le cadre de la loi Elan.

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