De ski alpin, niet. Mais les stations, dans leur diversité, s'attèlent malgré tout à proposer des vacances de Noël aussi animées que possible aux Français en quête de dépaysement ou de nature en montagne.
Un décret de la direction des Sports vient de confirmer que quasiment toutes les autres activités de neige seront autorisées en station, dans le respect des règles sanitaires, toujours, et dans la limite de groupes de 6 personnes. Un peu de baume en ces temps difficiles.
"Toutes les écoles de ski se préparent à ouvrir à minima pour certains mineurs: les enfants en jardins des neiges et les affiliés à la fédération française de ski ", annonce à l'AFP Eric Brèche, président du Syndicat national des moniteurs de ski (SNMSF).
Quelques remontées pourront fonctionner pour ces catégories de mineurs, les sportifs de haut niveau et les professionnels en formation.
Toutefois, ajoute-t-il, "une proportion très faible des 17.000 moniteurs vont travailler, car les stations seront peu remplies". Pour l'ouverture d'un domaine skiable, le dernier mot reviendra au maire, responsable de la sécurité. Chaque édile décidera des portions à ouvrir et donc à sécuriser, tout en préparant l'ouverture totale espérée au 7 janvier.
La situation est encore évaluée dans les différentes vallées, et toutes les stations n'ont pas les mêmes cartes en main, les plus grosses étant cette fois défavorisées par rapport aux stations-villages plus familiales qui ont déjà diversifié leurs activités.
- "Ambiance Spitzberg" -
Ainsi, Val Thorens (Savoie) avec son ADN "ski et fête" et ses 50% de clientèle étrangère, va présenter cette année un visage "très calme et très haute montagne, ambiance Spitzberg", pronostique Vincent Lalanne-Clouté, directeur général de l'office de tourisme, en référence à l'île norvégienne connue pour son tourisme nature.
Dotée de 26.000 lits touristiques, la station devrait accueillir "aux alentours de 1.000 personnes, beaucoup de résidents secondaires", estime M. Lalanne-Clouté, anticipant "un Noël à part".
"On va faire le dos rond en attendant la réouverture, mais rester pragmatiques", ajoute-t-il. Pour la première fois, une piste de ski de fond va être tracée et une patinoire en plein air de 400 m2 installée. Sans compter 5 km de pistes sécurisées pour le ski de randonnée, des itinéraires balisés pour la raquette et le VTT de neige électrique.
A Serre-Chevalier (Hautes-Alpes), plus grand domaine skiable des Alpes du Sud, où les gens viennent avant tout pour skier, les réservations sont en chute de 45%, selon Gilles Vanheule, directeur de l'office de tourisme. Mais il dit compter sur les résidents secondaires (15.000 lits sur 53.000).
"Ce qui était notre offre secondaire devient notre offre prioritaire", souligne encore M. Vanheule, rappelant que la ville de Briançon fait partie de la station. "On a la chance d'avoir son patrimoine classé à l'Unesco" qui sera mis en valeur par une multiplication des visites.
Des équipes renforcées de l'office de tourisme seront aussi mobilisées pour aller au devant des vacanciers et les orienter vers les sentiers pédestres, de ski de fond ou de randonnée, le ski-joering (tracté par un cheval) et les producteurs et commerçants (fabrication de son génépi, etc).
- ADN hors ski -
Le ton est plus optimiste dans les stations-villages, à l'image de Samoëns (Haute-Savoie), où le domaine skiable est un peu éloigné du bourg. "Les activités hors ski sont dans notre ADN", rappelle Bruno Cherblanc, directeur de la station.
Le village traditionnel, avec ses façades classées, compte 2.500 habitants à l'année et sur ses 20.000 lits touristiques, la moitié sont des résidences secondaires. "Pour nous, c'est ce qui va permettre à une partie de l'activité de se maintenir", pense-t-il.
Outre les pistes en altitude pour la luge et le ski de fond , avec vue sur le Mont-Blanc, des activités plus décalées seront proposées: une rivière, le Giffre, permettra de s'essayer au rafting hivernal pour les plus téméraires.
A Vaujany (Isère), "la station date de 1989 et le village a une âme, on est dans la catégorie station intimiste et familiale", décrit Pierre-Emmanuel Jacquemet, son directeur.
Noël permet habituellement des remplissages à 70-80% et le jour de l'An à 90%, mais "là, avec 20 ou 30%, ça sera déjà beau", dit-il.
Alors "on cherche des nouveautés qui ne nécessitent pas d'investissements": découverte des coulisses de la station (comment se fait le damage, la production de neige de culture, la sécurisation des pistes); initiation à la recherche de victimes d'avalanche, au biathlon pour les enfants, balades en chiens de traineau, etc.
Et tous travaillent à des plateformes permettant aux restaurateurs ouverts de vendre à emporter ou en livraison. Afin qu'eux aussi puissent travailler un peu.