La doctrine du gouvernement en termes de privatisations a évolué avec la crise sanitaire, notamment pour protéger la souveraineté économique et l'environnement, a expliqué mardi le directeur général de l'Agence des participations de l'Etat, Martin Vial.
Il a rappelé que la politique mise en oeuvre depuis 2017 consistait à garder dans le giron de l'Etat les entreprises relevant de la défense et du nucléaire, ainsi que celles assurant des "grandes missions de service public" comme la SNCF, la RATP ou La Poste.
Pour d'autres, l'Etat a prévu de réduire sa participation ou de sortir du capital, comme la Française des Jeux (FDJ), privatisée en 2019, ou Aéroports de Paris (ADP), dont la vente a été ajournée pour cause de crise sanitaire.
La question de la souveraineté économique, "qui va au-delà de la souveraineté nationale ou de la défense", et les besoins liés à la réindustrialisation "se sont exacerbés pendant cette crise", a relevé le patron de l'APE.
Et dans le même temps, la crise a montré selon lui "une certaine fragilité d'entreprises dont le capital est très dispersé" et qui pourraient devenir des cibles pour des investisseurs extra-européens.
Pour Martin Vial, il est important en cas de changement d'actionnaires que "les centres de décision managériaux, les centres de recherche français et les centres de production restent en France".
"C'est dans ce cadre qu'il faudra qu'on réfléchisse dans le futur à notre action en tant qu'actionnaire, aux entreprises dans lesquelles nous pourrions vouloir réduire notre participation, ou au contraire être amenés à intervenir", a-t-il poursuivi.
Une autre évolution que la crise n'a pas du tout freinée est "la montée des exigences environnementales", notamment avec le vote par le Parlement d'une "éco-conditionnalité" des soutiens publics fournis aux entreprises durant la pandémie, ce qui a par exemple obligé Air France à renoncer à certaines liaisons aériennes en France, a-t-il rappelé.
"Toutes les entreprises du portefeuille (de l'APE) voient leur modèle économique impacté par ces exigences environnementales", constate Martin Vial, qui prévient que cela pèsera sur leur rentabilité, au moment où les entreprises doivent également investir massivement pour prendre le virage du numérique.
Le portefeuille de l'APE, créée en 2004, comprend aujourd'hui 83 entreprises et leurs filiales réparties dans quatre secteurs: énergie, industrie, transports et services/finance.
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