La politique énergétique d'Emmanuel Macron se retrouve au coeur de la campagne à la veille de ses annonces attendues sur la filière nucléaire, avec les Verts qui fustigent ses choix "obsolètes", alors que les "convois de la liberté" divisent l'opposition.
Une interview dans Libération, une autre sur LCI: le candidat des Verts Yannick Jadot a multiplié les attaques contre la politique énergétique du président. C'est un "choix obsolète et le choix du fiasco", a-t-il déclaré, rappelant les années de retard de la mise en service de l'EPR de Flamanville et les surcoûts.
Il promet de "mettre le paquet sur les économies d'énergie, déployer les énergies renouvelables, et au fur et à mesure progressivement fermer" les centrales nucléaires.
Sur le même thème, Marine Le Pen (RN), a appelé à "sortir" du marché européen de l'électricité. "C'est lui qui pose un problème. C'est lui qui oblige à ce que EDF vende à ses concurrents à prix coûtant (..)Il nous empêche de continuer à bénéficier d'une électricité à très bas coût", a-t-elle déploré sur Europe 1.
M. Macron, qui n'a toujours pas officialisé sa candidature, devait se rendre jeudi à Belfort pour s'exprimer sur l'avenir de la filière nucléaire, alors que le rachat des activités nucléaires de General Electric (GE) par EDF est attendu et qu'il pourrait annoncer la construction de nouvelles centrales.
Ce débat électoral sur l'énergie intervient au lendemain de l'annonce par EDF de la mise à l'arrêt de trois réacteurs nucléaires supplémentaires pour vérifier la présence d'éventuels problèmes de corrosion, qui s'ajoutent aux cinq actuellement révisés.
- "Mic-mac" -
Mais pour M. Jadot, il n'y a pas que le nucléaire au menu du jour: il s'est vu contraint de se justifier sur les discussions entre ses équipes et celles de Christiane Taubira, notamment auprès de Sandrine Rousseau, la présidente de son conseil politique qui a avoué sur BFMTV avoir pris connaissance de ces discussions par la presse.
"Je ne comprends pas sa sortie", a-t-il déclaré sur LCI. "Nous sommes courtois, nous sommes invités à une réunion, on y va".
Pour sa part, Mme Taubira se rend à la Cité Boissière à Montreuil (Seine-Saint-Denis) où elle doit tenir un point de presse.
A gauche, le maire PS du Mans, Stéphane Le Foll, a raillé le "micmac" entre Mme Taubira et M. Jadot, mais il a surtout estimé que la survie du PS était "déjà largement entamée" avec la campagne d'Anne Hidalgo qui ne décolle pas.
Selon un sondage Elabe pour BFMTV et L'Express, la maire de Paris chute à 1,5% d'intentions de vote, même si elle est la seule avec M. Macron et Valérie Pécresse (LR) à disposer des 500 parrainages nécessaires pour se présenter aux élections des 10 et 24 avril.
A l'exception de l'Insoumis Jean-Luc Mélenchon qui atteint la barre des 10%, ses rivaux à gauche ne font pas beaucoup mieux: Yannick Jadot stagne à 4,5%, le communiste Fabien Roussel se situe à 4%, Christiane Taubira décroche à 3,5%.
Le numéro deux de LFI Adrien Quatennens en a profité pour appeler sur franceinfo tous ceux qui hésitent à gauche au "vote efficace" pour son candidat.
A droite, Valérie Pécresse devait se réunir avec des comités de soutien en fin d'après-midi, alors qu'elle perd un point à 15% au premier tour dans le sondage Elabe, mais elle réduit paradoxalement l'écart au second, de 1,5 point face à M. Macron toujours donné vainqueur avec 54% contre 46%.
- "gilets jaunes" -
Les "convois de la liberté", qui doivent "rouler sur Paris" samedi pour protester contre le pass vaccinal, inspirés par les routiers canadiens qui bloquent le centre de la capitale Ottawa, se sont déjà immiscés dans la campagne.
Mme Le Pen a dit "comprendre" le mouvement: "C'est une autre forme de gilets jaunes".
A l'inverse, le chef de file des députés LR, Damien Abad, a dit sur franceinfo qu'il ne "croyait pas à la violence, aux oukazes. Ce convoi des libertés, c'est parfois malheureusement un convoi de l'oppression".
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