Près du port de Marseille, enlever du béton pour que la nature reprenne ses droits

Dans le sud de la France, le port de Marseille va desceller une vaste plaque de béton d'une zone industrielle pour restaurer l'écosystème "unique au monde" des coussouls de la Crau, seule steppe sèche d'Europe.

Renommée pour ses oiseaux, comme le ganga cata, ou son criquet dit "de la Crau", cette plaine aride du sud de la Provence a vu "une importante partie de sa surface perdue à la suite d'aménagements industriels, militaires et agricoles intensifs", a rappelé le port de Marseille dans un communiqué.

Dans les années 1970, l'Etat français avait désigné cette zone, située au sud de l'étang de Berre, jusqu'à Fos-sur-Mer, pour concentrer les activités industrielles, et notamment pétrochimiques, du port de Marseille.

Depuis lundi, une grande fondation en béton de 450 m2, qui servait de support à un atelier dans les années 1970, a commencé à être descellée afin de permettre au sol de retrouver ses fonctions naturelles.

Les bâtiments de cet atelier ont été "démontés dans les années 1990 mais pas les fondations en béton, qui coûtent très cher à retirer", a expliqué à l'AFP Thierry Dutoit, directeur de recherches au Centre national de la recherche scientifique (CNRS), spécialiste en restauration écologique, précisant que le béton récupéré allait être recyclé.

Enlever cette plaque de béton permettra de restaurer l'"écosystème unique au monde" des "coussouls de Crau", le site se situant à la lisière d'une réserve naturelle nationale de plus de 7.400 hectares, explique le port.

Et de préciser que de telles opérations de renaturation, consistant à "retirer une couche de béton ou de bitume pour permettre au sol sous-jacent de retrouver ses fonctions comme l'infiltration et le stockage de l'eau, la fixation du carbone atmosphérique et sa biodiversité", sont courantes en ville pour recréer des îlots de fraîcheur.

"La différence ici, c'est que nous sommes en zone industrielle et qu'on retire le béton pour faire revenir la végétation qui existait avant", souligne Thierry Dutoit.

Les opérations de renaturation "sont des interventions particulièrement importantes pour lutter contre le réchauffement climatique et la crise d'extinction de la biodiversité", poursuit le port de Marseille-Fos.

Ce dernier s'est associé avec des scientifiques du CNRS, de l'Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement (INRAE), et de l'université d'Avignon pour "mesurer précisément les impacts de cette opération originale" dans les années à venir.

"On veut voir si le sol qui a été scellé pendant 50 ans", et qui a donc été totalement compacté, le privant de toute vie biologique, "peut retrouver une végétation", souligne M. Dutoit.