Les nouvelles matières textiles créées par des ingénieurs pour limiter l'impact environnemental de nos vêtements peinent à se faire une place dans nos garde-robes puisqu'elles ne représentent aujourd'hui que 1% du marché, freinées notamment par leur coût encore élevé, révèle une étude.
Polyester recyclé à partir de textiles usagés, coton cultivé en laboratoire ou encore alternatives végétales au cuir: malgré de meilleures performances environnementales et des conditions de production plus respectueuses des droits humains, l'adoption de ces matières innovantes "reste limitée", selon une récente étude du Boston Consulting Group (BCG) et de la plateforme collaborative Fashion for Good.
Or les matières premières représentent 92% des émissions totales du secteur de l'industrie textile (extraction, traitement, production), rappelle l'étude, rendue publique en février.
"Aujourd'hui, il est important de pouvoir proposer des alternatives aux matériaux plus conventionnels", déclare à l'AFP Raphaëlle Bordenave, responsable du secteur textile et mode chez Quantis, filiale de BCG.
L'experte explique qu'il existe trois principaux types de nouvelles technologies : les textiles produits par recyclage de fibres, ceux issus de la biotechnologie, "notamment grâce aux procédés de fermentation", et ceux d'origine végétale "qui utilisent des fibres peu répandues ou des déchets végétaux d'autres industries" (fibres d'ananas, de bananes, etc.).
Ces matières innovantes pourraient "atteindre 8% du marché", soit 13 millions de tonnes, en 2030, "une progression notable mais insuffisante face à une demande qui devrait la surpasser", projette le rapport de BCG et Fashion for Good.
Leur adoption est freinée par des "coûts de production élevés à un stade précoce", des problématiques de performance et d'intégration dans les chaînes d'approvisionnement existantes et "un manque d'investissements pour atteindre une production industrielle compétitive", dit le rapport.
Pour y remédier, ses auteurs préconisent de "soutenir la demande de manière continue, réduire les coûts et mobiliser des financements pour industrialiser ces solutions à grande échelle".