Les travailleurs exposés aux polluants générés par le trafic routier encourent des risques accrus de décès anticipé ou d'hospitalisation, qui doivent être mieux pris en compte dans l'évaluation des risques professionnels, affirme l'Anses dans un avis publié mercredi.
Cet avis relatif à "l'exposition des travailleurs à la pollution de l'air à proximité du trafic routier et ses conséquences sur leur santé" de l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) a été émis le 1er octobre, au vu des conclusions d'un rapport confié à deux comités d'experts spécialisés.
Sont notamment concernés les agents d'entretien des voiries, éboueurs, conducteurs de bus, livreurs, conducteurs de taxi ou VTC...
L'avis établit que "la pollution issue du trafic routier pendant le temps de travail induit des excès de risques sanitaires" chez les travailleurs qui y sont exposés, en comparaison avec une population non exposée professionnellement.
De plus, lorsque ces activités professionnelles "impliquent la présence dans un habitacle de véhicule circulant dans le flux du trafic", elles "sont associées aux excès de risques les plus élevés".
Ainsi l'exposition à long terme aux particules fines (PM2,5 et carbone suie) issues du trafic routier expose à davantage de "risques de décès anticipés" (11 à 120 cas supplémentaires pour 1.000 personnes) celles et ceux qui travaillent "sur les voies de circulation ou à proximité du trafic routier".
Les risques "d'hospitalisations pour causes cardiovasculaires ou cardiaques" sont eux aussi accrus.
En outre, du fait de l'exposition au dioxyde d'azote généré par le trafic routier, des décès de "toutes causes" sont aussi "susceptibles de survenir de façon anticipée", lit-on dans le rapport.
Pour le dioxyde d'azote et les particules (PM10 et PM2,5), ces risques supplémentaires s'ajoutent à ceux déjà encourus par la population française: car celle-ci "est déjà exposée à des niveaux de pollution induisant des risques sanitaires élevés à court terme et à long terme", rappellent les experts.
Le rapport précise que "travailler dans l'habitacle d'un véhicule est associé à des niveaux d'exposition plus importants aux polluants issus du trafic routier".
Si l'expertise a porté sur "une durée de travail moyenne de 7 heures par jour et 5 jours par semaine sur 40 ans", il est à noter que les livreurs de plateformes et conducteurs de taxis ou VTC "présentent des temps de travail annuels 1,5 à 2 fois plus importants, sur une durée plus courte d'exercice".
En conclusion, "des actions doivent être mises en oeuvre afin de réduire l'exposition des travailleurs à la pollution issue du trafic routier", dit l'Anses.
Cette problématique doit être intégrée dans le plan d'actions des employeurs.
"Problématique de santé publique majeure", la pollution atmosphérique affecte la santé respiratoire et cardiovasculaire, et est aussi "cancérogène", comme les émissions d'échappement des moteurs diesel.
L'agence appelle aussi l'Etat et les organismes de protection sociale à "mettre en oeuvre des actions de sensibilisation à la pollution environnementale en milieu professionnel".
Elle conclut en soulignant "la nécessité de poursuivre les efforts dans la mise en oeuvre de politiques publiques de long terme en faveur de l'amélioration de la qualité de l'air" comme le préconise l'OMS dans ses lignes directrices publiées en 2021.