Pollution industrielle: une élue de l'Aude rapporteure de la commission d'enquête du Sénat

Mobilisée dans l'Aude contre la pollution à l'arsenic léguée par l'ancienne mine de Salsigne, la sénatrice PS de ce département, Gisèle Jourda, a été désignée rapporteure de la commission du Sénat chargée d'enquêter sur les ratés de la dépollution des sites industriels.

Les auditions de cette commission d'enquête créée à la demande du groupe PS pour une durée maximale de six mois, débuteront jeudi prochain.

Elle doit évaluer "l'ampleur de la pollution des sols" consécutive à des activités industrielles et minières, et s'interroger sur l'existence "d'éventuelles insuffisances ou négligences", de la part des exploitants ou des autorités.

Sous la présidence de Laurent Lafon (centriste, Val?de?Marne), la commission fera aussi le point sur "la capacité des pouvoirs publics à identifier et prévenir les risques" sanitaires et environnementaux.

Mme Jourda avait stigmatisé récemment des réponses de l'Etat "pas du tout adaptées", en invoquant le cas emblématique de la pollution à l'arsenic de la vallée de l'Orbiel, dans l'Aude.

Les risques environnementaux et sanitaires dans la zone, où la mine d'or et d'arsenic de Salsigne a légué à sa fermeture, en 2004, des millions de tonnes de déchets toxiques, ont été aggravés par les inondations d'octobre 2018 (14 morts).

Depuis juin 2019, des tests ont révélé des cas de surexposition d'enfants à l'arsenic, suscitant un sursaut des pouvoirs publics.

Un "plan d'action" a été annoncé en novembre par la préfecture de l'Aude, incluant un suivi sanitaire spécifique pour les enfants surexposés, une nouvelle étude de la qualité de l'air ou la reprise de travaux de confinement de sites de stockage.

Pour Mme Jourda, la pollution de la vallée de l'Orbiel est "une illustration" d'une problématique qui peut concerner tout le territoire national. Elle réclame la fin de "l'omerta" prévalant selon elle sur ce type de dossier.

Les pouvoirs publics doivent "prendre à bras le corps une politique industrielle de réhabilitation des sols pollués sur l'ensemble de nos territoires métropolitains et ultra-marins", plaide le vice-président PS de la commission, Joël Bigot.

La base de données BASOL du ministère de la Transition écologique, "recense 6.800 sites et sols pollués ou potentiellement pollués en France, auxquels s'ajoutent près de 300.000 anciens sites industriels potentiellement pollués dont le recensement reste à faire", selon l'exposé des motifs de la demande de création de commission d'enquête.