Mieux cibler les politiques de prévention de la pollution en fonction des caractéristiques locales: c'est la recommandation de France Stratégie, qui constate dans une étude publiée jeudi une corrélation dans certains territoires entre précarité sociale et exposition à la pollution de l'air ou des sols.
"Les politiques de prévention des risques sont très universalistes", relève auprès de l'AFP Julien Fosse, directeur adjoint du département Développement durable et numérique à France Stratégie, "alors qu'il faudrait sans doute différencier ces politiques au niveau local".
D'un territoire à l'autre, "les pollutions ne sont pas les mêmes et les populations sensibles ne sont pas les mêmes", souligne-t-il.
Avec cette étude, France Stratégie cherche à "dessiner un premier diagnostic d'inégalités environnementales" en croisant les inégalités d'exposition aux pollutions avec les caractéristiques sociales des territoires.
Il en ressort que "les sols contaminés sont globalement concentrés dans les villes fortement peuplées", relève l'étude, mais pour la pollution de l'air, "d'importantes disparités territoriales sont observées en fonction des polluants".
D'une manière générale, les métropoles sont quatre fois plus susceptibles de subir une exposition multiple aux six types de pollution pris en compte dans l'étude: émissions de dioxyde de soufre (SO2), d'ammoniac (NH3), de particules en suspension (PM10), d'oxydes d'azote (NOx), de particules fines (PM2.5) et au moins une pollution des sols.
Les zones rurales sont, elles, plus fortement exposées aux pollutions d'origine agricole (ammoniac).
Les publics vulnérables exposés à ces pollutions sont donc différents: plus de chômeurs, de jeunes et donc de précaires dans les zones urbaines, un public plus pauvre et plus âgé à la campagne.
"La mise en oeuvre de politiques de prévention des risques différenciées devrait être privilégiée", soulignent les auteurs dans leur note d'analyse.
Dans certains territoires, comme dans les Hauts-de-France, la corrélation est "marquante" entre exposition multiple et précarité sociale.
"Dans les Hauts-de-France, le taux moyen de pauvreté atteint 18% dans les communes les moins exposées et 26% dans les communes à IEM (indice d'exposition multiple, développé par les auteurs, NDLR) maximal", est-il souligné dans l'étude.
Les auteurs insistent toutefois sur les difficultés méthodologiques de leur travail, notamment à cause de données sur la pollution des sols et de l'air parfois peu détaillées selon les niveaux géographiques.