La préfecture des Ardennes a annoncé mardi de nouvelles mesures de précaution par rapport aux PFAS, alors que la consommation de l'eau du robinet est déjà interdite dans 13 communes du département en raison de taux anormaux de ces "polluants éternels".
L'épandage de boues de stations d'épuration et d'autres industries sur l'intégralité des aires d'alimentation de captage en eau potable est désormais suspendue dans tout le département, par "principe de précaution", selon un communiqué de la préfecture.
Cette pratique courante consiste à appliquer sur des terres agricoles les résidus solides provenant du traitement des eaux usées dans les stations d'épuration, à des fins de fertilisation des sols.
Des analyses complémentaires vont aussi être réalisées dans le département "pour les unités de distribution d'eau potable conformes mais présentant des concentrations en PFAS nécessitant une surveillance", selon la préfecture.
Par ailleurs, "un plan de prélèvements sur les denrées alimentaires" va être mis en place, a ajouté la préfecture, sans détailler davantage cette mesure.
Depuis cet été, l'eau du robinet a été déclarée impropre à la consommation dans 13 villages des Ardennes totalisant 3.000 habitants, et dans quelques petites communes de la Meuse voisine, en raison de taux de PFAS très supérieurs à la limite légale de 100 nanogrammes par litre (ng/l) dans l'eau distribuée.
Les PFAS (substances per- et polyfluoroalkylées, dits "polluants éternels") peuvent avoir des effets délétères sur la santé humaine: augmentation du taux de cholestérol, cancers, effets sur la fertilité et le développement du foetus, etc.
Les taux enregistrés dans ces communes oscillaient entre cinq et 27 fois la valeur guide européenne.
"L'objectif d'un retour à la normale, c'est-à-dire la possibilité de boire l'eau qui coule de son robinet, ne pourra être atteint que si des actions à court, moyen et long termes sont mises en oeuvre par les communes ou syndicats de communes responsables de la production et de la distribution de l'eau potable", a encore estimé la préfecture des Ardennes.
L'origine de cette pollution locale reste incertaine. Selon les préfectures, elle pourrait être liée à l'épandage de boues issues de l'industrie papetière sur des parcelles agricoles à proximité de captages d'eau potable.
Une loi sur les polluants éternels promulguée début 2025 prévoit notamment d'inclure les PFAS dans le contrôle sanitaire des eaux potables.