Limiter le trafic routier et réduire les émissions industrielles est nécessaire pour limiter l'exposition humaine à la pollution atmosphérique pendant les "brumes de sable", un phénomène naturel que le dérèglement climatique rend plus fréquent et plus intense, juge mardi une agence sanitaire.
Fréquentes aux Antilles et en Guyane mais aussi présentes dans l'Hexagone -en provenance du Sahara-, ces tempêtes de sable et de poussière, qui se manifestent par un ciel jaune orangé, font grimper les concentrations en particules dans l'air, explique l'Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail) dans un avis.
Alors que deux milliards de tonnes de sable et de poussière se retrouvent dans l'atmosphère chaque année, selon les Nations unies, elles sont "un enjeu croissant pour la qualité de l'air ambiant à l'échelle mondiale", a souligné l'OMS en 2021.
Car en s'ajoutant à la pollution atmosphérique existante, les particules issues de ces phénomènes "peuvent conduire à un dépassement des seuils de qualité de l'air fixés pour protéger la santé humaine", poursuit l'avis, fondé sur les travaux de comités d'experts.
Alors que ces tempêtes sont amenées à devenir "plus fréquentes et plus intenses, y compris en hiver, avec le dérèglement climatique", l'Anses recommande aux autorités de "réduire les sources de pollution d'origine humaine" (trafic routier, activité industrielle) pendant ces épisodes pour "limiter l'exposition globale de la population à la pollution atmosphérique" .
Les prévisions sur la qualité de l'air, disponibles jusqu'à cinq jours à l'avance, le permettent.
"Les brumes de sable sont un phénomène naturel qui nécessite d'agir là où il est possible de le faire, c'est-à-dire sur les émissions dues aux activités humaines, afin de réduire la concentration totale en particules et donc l'exposition de la population à la pollution atmosphérique, dont les effets sur la santé ne sont plus à démontrer", précise la scientifique Claire Dulong, coordinatrice de l'expertise scientifique.
Si certains de leurs effets négatifs sont connus - contamination par des éléments métalliques, introduction de pathogènes-, elles pourraient aussi contribuer à faire proliférer les algues sargasses et être associées à "une accélération de la fonte de la neige et de la glace", dit l'Anses.
Soulignant la nécessité de "poursuivre les recherches" sur leurs impacts, peu documentés, sur la faune, la flore et l'environnement, l'agence appelle à "renforcer les politiques publiques d'amélioration de la qualité de l'air", dont l'impact bénéfique sur la santé est démontré.