Pollution: 135 scientifiques contre l'élargissement d'un axe autoroutier à Grenoble

Cent trente-cinq scientifiques appellent mercredi dans une tribune les pouvoirs publics à "reconsidérer" le projet d'élargissement d'un axe autoroutier traversant l'agglomération de Grenoble, estimant sa concrétisation "en contradiction" avec les "enjeux environnementaux" actuels.

Dans un texte publié en ligne par Le Dauphiné Libéré, les 135 signataires - doctorants, professeurs ou enseignants chercheurs de la communauté scientifique grenobloise - enjoignent les "décideurs locaux" à "reconsidérer" ce projet et à mettre "en cohérence" les "orientations de développement territorial avec les enjeux primordiaux de qualité de l'air et des futurs climatiques".

"L'agglomération grenobloise, au rayonnement scientifique mondial, ne peut se permettre d'être le symbole de l'hypocrisie climatique, en laissant sur son territoire se développer un projet à ce point incompatible avec les nécessaires transitions énergétiques et environnementales", font-ils valoir.

"Ce projet est en contradiction totale avec l'ambition de réduction des émissions de gaz à effet de serre au niveau national et mondial, et les enjeux environnementaux locaux", soulignent-ils.

Les 135 signataires rappellent que le trafic routier est "le principal contributeur" des émissions de gaz à effet de serre en France et "contribue fortement" à la dégradation de la qualité de l'air.

Menés par la Société des Autoroutes Rhône-Alpes AREA, les travaux d'élargissement de l'A480 - qui traverse l'agglomération grenobloise du nord au sud - doivent débuter en mars prochain. Ils prévoient le passage de deux à trois voies d'une portion de sept kilomètres de cet axe quotidiennement embouteillé.

Depuis la signature du protocole d'intention de l'aménagement de l'A480 en novembre 2016, le projet est dans le collimateur de plusieurs associations et des riverains, qui ont déposé un recours en décembre.

Fin novembre, certains passages jugés climatosceptiques du rapport des commissaires enquêteurs relatif à l'autorisation environnementale du projet avaient suscité la consternation des élus locaux.

"L'agglomération grenobloise subit déjà les conséquences du réchauffement climatique et les projections pour le 21e siècle laissent augurer une intensification des situation caniculaire et des modifications profondes de l'environnement, dans et autour de la ville", rappellent également les signataires de la tribune.

"En l'état, l'élargissement de l'autoroute tel que proposé met en péril les efforts du Plan de Déplacements Urbains, actuellement en cours d'adoption par les différents acteurs du territoire grenoblois, et visant à améliorer, de façon concertée et à long terme, les déplacements et à réduire leurs nuisances".