Un député de la majorité, Cyrille Isaac-Sibille, appelle, dans un rapport rendu public mercredi, à "faire cesser urgemment les rejets industriels" contenant des polluants éternels, "sans attendre de restriction européenne".
L'élu MoDem avait été chargé par le gouvernement d'une mission sur ces substances per- et polyfluoroalkylées ou "PFAS" (prononcées "pifasses", à l'anglaise), surnommées polluants éternels, car elles s'accumulent avec le temps dans l'air, le sol, les rivières, jusque dans le corps humain.
Cyrille Isaac-Sibille suggère, dans son rapport, une "feuille de route" commençant par l'interdiction de "tous les rejets industriels contenant des PFAS sans attendre de restriction européenne".
"L'arrêté ministériel du 20 juin 2023 oblige 5.000 installations classées protection de l'environnement à (les) surveiller dans leurs rejets aqueux. Il est proposé que cet arrêté soit complété rapidement par de nouveaux arrêtés ministériels pour interdire les rejets de PFAS en instaurant des échéances" de trois, six ou neuf mois, écrit-il.
Dans l'objectif de "restreindre" ces polluants, le député fait le distinguo entre les PFAS "essentiels" dans le secteur du médicament, des batteries ou des éoliennes et d'autres "superflus" qui pourraient être interdits.
Il réclame aussi un "état des lieux exhaustif de toutes les pollutions aux PFAS", soulignant que les "connaissances scientifiques sur l'ensemble des molécules restent limitées".
Seulement quelques-unes "ont été étudiées parmi les centaines existantes et leur niveau de toxicité pour l'homme est important. Un scientifique reconnu nous a signalé la toxicité importante des PFAS, dont certains occuperaient le haut du panier des perturbateurs endocriniens", écrit le député.
Les arguments en faveur de la toxicité de certains d'entre eux "sont clairement plus solides que pour le glyphosate", ajoute-t-il, sans plus de précision.
Pour financer la dépollution, le parlementaire conseille la mise en place d'un "fonds PFAS" avec un principe de "pollueur payeur".
"Le coût total du traitement des eaux potables et usées pour (les) éliminer a été estimé à 238 milliards d'euros par an dans l'UE", relève-t-il.
Le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, a souligné mercredi à l'Assemblée nationale que la France faisait partie d'une "coalition" de pays européens favorables à l'interdiction des polluants éternels dans les emballages alimentaires.
De leur côté, les députés écologistes portent un texte pour interdire progressivement la fabrication, l'importation et l'exportation de produits contenant des PFAS.
Le film américain "Dark Waters" (2019), de Todd Haynes, a contribué à faire connaître ces composants massivement présents dans la vie courante: poêles en Teflon, emballages alimentaires, textiles, automobiles...