Quinze sites industriels de la région Auvergne-Rhône-Alpes, spécialisés dans le traitement des déchets, la chimie ou le textile, rejettent des PFAS, les "polluants éternels", à des niveaux qui justifient une surveillance approfondie, selon une liste publiée lundi par les autorités.
La Direction régionale de l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement (Dreal) de la région a transmis à l'AFP les résultats de contrôles inopinés menés sur 139 établissements depuis juin 2022 qui lui étaient vivement réclamés, notamment par les élus écologistes.
Quinze sites se distinguent par des concentrations ou des quantités "significatives" de PFAS dans les eaux qu'ils rejettent, et se sont donc vu réclamer des études pour comprendre leur origine et, pour certains, des actions correctives.
Dans cinq cas, la pollution semble dûe à la qualité des eaux en amont et ne serait pas imputable à un usage industriel, estime la Dreal.
Il s'agit de deux sites du fabricant d'aliments pour animaux Adisséo et de l'usine chimique de Vencorex en Isère, ainsi que des entreprises chimiques Polytechnyl et Rhodia à Saint-Fons, dans la vallée de la chimie au sud de Lyon.
Les dix autres sont des "utilisateurs" de PFAS, pas des producteurs contrairement aux entreprises Arkéma et Daikin de Pierre-Bénite, dans ladite vallée, qui font l'objet d'une procédure distincte, mais aussi de plaintes en raison de leurs rejets élevés.
Parmi ces dix sites, "on est à un maximum de 9 grammes de PFAS rejetés par jour, contre deux kg pour Arkéma, ce n'est pas du tout les mêmes proportions", souligne-t-on à la Dreal.
Gaia Avenir, qui stocke des déchets à Cusset en Allier, rejette ainsi 1,7 gramme par jour, Total raffinage, à Feyzin, dans le Rhône, 1,6.
Le groupe SIRA, spécialisé dans le traitement des déchets, rejetait 6,79 g/j sur son site de Chasse-sur-Rhône en Isère, lors d'un premier contrôle. Après avoir installé des filtres à charbon, il a divisé ces flux par dix, selon la Dreal.
Les PFAS, composés poly- et perfluoroalkylés (une famille regroupant plus de 4.700 molécules), sont dotés de propriétés anti-adhésives et imperméables et sont massivement présents dans la vie courante: poêles en Teflon, emballages alimentaires, textiles imperméables, automobiles...
Quasi indestructibles, ils s'accumulent avec le temps dans l'air, le sol, les eaux des rivières, la nourriture et jusqu'au corps humain, d'où leur surnom de polluants "éternels". En cas d'exposition sur une longue période, ils peuvent avoir des effets sur la fertilité ou favoriser certains cancers, selon des études.
Après la diffusion de plusieurs enquêtes journalistiques en 2022, les autorités régionales avaient lancé des contrôles, notamment au niveau de la Dreal. Celle-ci précise que ses mesures n'étaient pas ciblées et qu'elle va continuer ses investigations dans le cadre d'un programme national défini par un arrêté ministériel de juin qui portera sur 5.000 sites, dont 600 dans la région.
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