Politiques de santé mentale et du handicap en France: mieux prévenir et mieux piloter, préconise un rapport

Dépense publique "massive mais mal orientée", décalage entre offre et besoins, carences... Un rapport parlementaire, rendu public mardi, revient sur les défaillances des politiques de santé mentale et du handicap en France, pour lesquelles il préconise un meilleur pilotage et une logique du "coût évité".

Ce rapport est le fruit d'une commission d'enquête de l'Assemblée nationale sur "les défaillances des politiques publiques de prise en charge de la santé mentale et du handicap et les coûts de ces défaillances pour la société", présidée par la députée (EPR) Nicole Dubré-Chirat.

"Il ne faut pas dépenser plus, mais mieux", résume auprès de l'AFP son rapporteur, le socialiste Sébastien Saint-Pasteur, car malgré une dépense publique "massive", dit-il, "des rigidités et une absence de culture de l'évaluation (...) freinent nos capacités à apporter plus de réponses aux concitoyens concernés".

Le coût total des maladies psychiatriques monte à "163 milliards d'euros par an", soit "2.400 euros par habitant" et, malgré un "effort national" sur le handicap de 64,5 milliards en 2024, "à la rentrée 2025, près de 50.000 enfants disposant d'une notification d'accompagnant AESH n'avaient "pas d'accompagnement effectif".

Or l'État dépense "très peu pour prévenir et accompagner précocement", observe le rapport.

Pour interrompre ce "pilotage sans boussole", il recommande de créer une Agence nationale de l'étude d'impact, qui mettra "la logique des coûts évités au coeur de l'action publique", et établira un tableau de bord national brassant toutes les données, afin de pouvoir suivre l'offre de soins et services, les ruptures de parcours, les délais...

Face au handicap, le rapport prône plus largement une approche plus "pragmatique", "proche des familles", permettant des "aménagements raisonnables" à l'école, sans intervention de la Maison Départementale des Personnes Handicapées (MDPH).

Il suggère aussi que les rectorats aient l'"obligation" de "documenter la scolarisation de chaque enfant", et que les modalités de financement de la prestation de compensation du handicap soient revues.

Côté santé mentale, la "grande cause nationale" en 2025 -prolongée en 2026- "contribue à déstigmatiser les maladies mentales", mais des professionnels déplorent, faute de moyens, une "grande causerie nationale", ajoute-t-il, en appelant à des résultats concrets et à une "task force" chargée d'une "évaluation profonde et systémique".