Les ONG environnementales et la Confédération paysanne s'opposent à la proposition de révision du plan Ecophyto mise sur la table par le gouvernement et soumise à une vaste consultation qui se conclut vendredi, ont-elles indiqué à l'AFP.
Le gouvernement, qui a mis sur pause ce plan de réduction des pesticides, a proposé lundi de changer d'indicateur de référence dans la feuille de route soumise au Comité d'orientation stratégique et de suivi (Cos). Ses membres - représentants agricoles, syndicaux, administratifs et ONG, etc. - ont jusqu'à vendredi minuit pour donner leur avis, avant une décision finale de l'exécutif attendue d'ici l'ouverture du Salon de l'agriculture le 24 février.
La FNSEA, premier syndicat agricole, se satisfait de la proposition d'intégrer un indicateur européen, le HRI1, comme nouvel outil de référence, à côté ou à la place de l'indicateur français Nodu, accusé de ne pas refléter les efforts de réduction des agriculteurs mais soutenu par les ONG.
De son côté, la Confédération paysanne "refuse de participer à la consultation", a indiqué à l'AFP Laurence Marandola, porte-parole du 3e syndicat agricole. Elle affirme que les modifications d'indicateurs vont "à l'inverse du principe de simplification" et vise à réduire "artificiellement" l'usage des pesticides, sans "changement de pratiques" agricoles.
Le gouvernement n'écarte pas clairement à ce stade un "maintien du Nodu agricole", mais les associations environnementales dénoncent une consultation "biaisée".
"Le choix est, en quelque sorte, pré-contraint puisque quand on dit qu'il faut qu'il y ait cette dimension européenne et qu'il faut que ça intègre le risque, c'est la définition de ce que n'est pas le Nodu", avance François Veillerette, porte-parole de l'association Générations Futures.
Selon lui, "changer le Nodu" reviendrait à "changer la nature du plan" Ecophyto puisque le changement d'outil de mesure ne permettrait plus d'évaluer sérieusement la trajectoire de réduction des pesticides, censés diminuer de moitié d'ici 2030 par rapport à 2015-2017.
Les ONG ont l'intention de "se coordonner en inter-associations pour répondre au formulaire" qui leur a été donné, a indiqué à l'AFP Thomas Uthayakumar, de la Fondation pour la Nature et l'Homme.
Elles comptent par ailleurs "continuer le dialogue", selon Jean Burkard, directeur du plaidoyer chez WWF France. "On a besoin, toujours, de continuer à expliquer pourquoi les pesticides sont dangereux et pourquoi il faut en réduire l'usage", a-t-il déclaré.
Contacté par l'AFP, le cabinet du ministre de l'Agriculture Marc Fesneau n'avait pas donné suite vendredi après-midi.