Pic de chaleur et d'appels au Samu de Paris

"Avec la canicule, on va sûrement être à plus 30%, plus 40% d'appels par rapport à la normale", a exposé mardi à l'AFP le Pr Frédéric Adnet, chef de service du SAMU 75 AP-HP.

Ce responsable note une augmentation du nombre d'appels "essentiellement liés à des malaises, mais pour l'instant pas trop de malaises graves, pas beaucoup d'hyperthermie, une pathologie extrêmement grave". Mais le Pr Adnet rappelle que "les décompensations, donc les patients les plus graves, apparaissent de manière un petit peu retardée par rapport au pic de chaleur".

"Ce n'est pas la première vague de chaleur qu'on gère, resitue le chef du Samu parisien. On a été surpris avec la canicule de 2003 avec énormément d'arrêts cardiaques, de malaises extrêmement graves qui ont entraîné une surmortalité extrêmement importante, pas là".

Le Pr Adnet y voit les bénéfices de la prévention et de l'expérience, "on est préparé à gérer ce type de pathologies".

"En général, en 24 heures, on est à 1.200, 1.300 appels, là, en début d'après-midi, on est déjà à 1.000, on va sûrement être à plus 30%, plus 40% d'appels aujourd'hui", projette le responsable.

Le centre d'appels du Samu de Paris traite 700.000 appels par an. "A chaque fois que les personnes font le 15 à Paris, l'appel aboutit ici", résume le Pr Adnet: "On le traite ici, cela va du simple conseil médical jusqu'à l'arrêt cardiaque où on envoie une équipe de réanimation".

"Sur une année, on a en gros 10% d'urgences vitales, du ressort du Smur, c'est-à-dire les équipes qui vont sur le terrain; pour le reste, on envoie les pompiers, les ambulances, des médecins à domicile et dans 20 à 30% des cas, on donne simplement des conseils médicaux", déroule le chef du Samu parisien.

Le centre d'appels, à l'étage d'un bâtiment dans l'enceinte de l'hôpital Necker-Enfants malades AP-HP, a des faux airs de salle de cotation boursière, avec ilots de travail, ordinateurs, casques-téléphones et graphiques. S'y trouvent une dizaine d'assistants de régulation médicale, cinq régulateurs médicaux, un psychiatre, deux infirmières psychiatriques et un pédiatre régulateur.

Le Dr Nicolas Poirot, régulateur médical, supervise le coup de chaud d'une septuagénaire, insistant pour qu'elle ne reste "pas seule" avant la visite d'un médecin. "Paris est une ville extrêmement dense, pas du tout adaptée à des chaleurs très fortes, développe-t-il. Il y a beaucoup de personnes âgées qui sont isolées, qui vivent seules, c'est un vrai souci".

"Il y a aussi beaucoup de SDF dans des états calamiteux, ils vont aussi payer assez cher la période caniculaire", conclut-il.