Edouard Philippe a assuré les maires de sa volonté de leur "redonner des marges de liberté" et de travailler avec eux, avant notamment la nouvelle étape de décentralisation, jeudi en clôture du congrès de l'AMF.
Après le chef de l'Etat les premiers jours du congrès, le Premier ministre a rendu hommage au courage des maires, à quatre mois des élections municipales.
"L'état d'esprit qui nous anime est très clair : vous redonner des marges de liberté et de sécurité pour vous aider à renouer avec le coeur de votre engagement", a-t-il affirmé devant plusieurs milliers d'élus réunis Porte de Versailles.
A propos de la hausse de l'indemnité des maires, actuellement en discussion à l'Assemblée nationale, il a annoncé un effort "substantiel" sur "la dotation particulière pour les élus locaux" : "Nous proposerons de la doubler pour les communes éligibles de moins de 200 habitants, et de l'augmenter de 50% pour les communes éligibles de 200 à 500 habitants".
L'intervention du Premier ministre était très attendue, après celle, jugée très générale, d'Emmanuel Macron mardi.
Evoquant le "dialogue fructueux" avec les élus locaux sur l'Agenda rural, il a souhaité "déployer cette méthode" en vue de la prochaine étape de décentralisation, qui doit être présentée au second trimestre 2020.
"Ce qui est en jeu, c'est une manière de travailler ensemble, d'exercer des compétences", a-t-il souligné. "J'attends beaucoup de cet exercice de discussion, de concertation et des propositions qui vous seront soumises et sur lesquelles nous pourrons avancer", a-t-il lancé au président de l'Association des maires de France (AMF), François Baroin.
- "Un cadre financier sécurisé" -
Le Premier ministre a ensuite détaillé l'action du gouvernement en faveur des collectivités, avec l'Agenda rural, la rénovation des centres-bourgs ou le déploiement des maisons France Services.
"On doit être plus dur dans le traitement des atteintes aux élus", a-t-il martelé sous les applaudissements, assurant la volonté du gouvernement de "sécuriser" l'exercice de leur mandat.
Le 102e congrès de l'AMF était celui du bilan de la mandature municipale (2014-2020), marquée par une forte baisse des dotations de l'Etat sous le quinquennat de François Hollande. Les maires redoutent de nouvelles pertes de ressources et la suppression de la taxe d'habitation leur reste, selon les mots de François Baroin, "en travers de la gorge".
Dans leur résolution finale, ils réclament "un cadre financier sécurisé et pérenne" et une vraie étape de décentralisation. "Nous attendons de l'Etat qu'il s'engage loyalement dans cette démarche indispensable et urgente pour éviter que la France, de crise en crise, ne se défasse", écrivent-ils.
Sur la consigne des bouteilles plastiques, un point de friction avec les maires, Edouard Philippe a indiqué qu'elle ne serait pas mise en oeuvre sans l'accord des associations d'élus, "parce que nous avons tout intérêt à avancer de concert plutôt qu'en opposition". Pour l'AMF, "les maires ont été entendus : il n'y aura pas de consigne sur les emballages en plastique", a-t-elle réagi dans un communiqué.
En ouverture du congrès, Emmanuel Macron les avait appelés mardi à affronter avec lui les difficultés du pays, comme ils l'ont fait lors de la crise des "gilets jaunes". Un discours repris le lendemain lors d'une réception réunissant quelque 2.000 maires à l'Elysée, rendez-vous convivial qu'il a décidé de pérenniser.
Le congrès des maires était le dernier grand rendez-vous des collectivités locales avant les municipales de mars, qui devraient voir un large renouvellement des équipes, 28% des maires ayant décidé de ne pas se représenter, selon une récente enquête du CEVIPOF (Sciences Po).