Pharmacie: la Drôme solde le fiasco Ecotox, repris par l'Institut Mérieux

La Drôme solde le fiasco Ecotox, coûteux "éléphant blanc" dans lequel ont été engloutis 50 millions d'euros de financements publics: ses locaux ultramodernes vont être repris par l'Institut Mérieux qui compte y lancer une production biopharmaceutique.

Inaugurée en février 2017 par le président François Hollande, cette "plateforme mutualisée d'innovation" devait accueillir jusqu'à 300 chercheurs spécialisés dans l'étude de l'impact des substances toxiques sur l'environnement.

Las, a rappelé lundi devant la presse la présidente (LR) du conseil départemental Marie-Pierre Mouton "la trajectoire économique du projet s'est révélée un échec" dès sa première année. Ses vastes bâtiments design implantés près de la gare TGV de Valence abritent à ce jour moins d'une dizaine de personnes.

La faute notamment à "une gouvernance inadaptée", dénoncée en son temps par la Cour régionale des comptes.

"Le projet qui paraissait séduisant au départ a vite viré au cauchemar", a reconnu Laurent Wauquiez (LR) qui préside la région Auvergne-Rhône-Alpes. "Le risque aurait été de voir l'endroit devenir une friche industrielle, ce qui aurait été un scandale absolu".

Le site sera finalement racheté par ABL, une filiale à 100% de l'Institut Mérieux basée à Washington DC, spécialisée dans la production de vecteurs viraux pour l'immunothérapie.

Alain Mérieux, le président éponyme du groupe spécialisé dans la santé, avait déjà donné un coup de pouce similaire en juillet 2018: à la demande du maire de Lyon Gérard Collomb, il avait fait reprendre par ABL la plateforme d'innovation Accinov qui a depuis monté ses effectifs à une quarantaine de personnes.

"Nos trois sites de Washington, Lyon et Strasbourg risquaient d'être saturés en 2022", a indiqué M. Mérieux, pour expliquer le tout récent intérêt de son groupe pour les installations valentinoises.

- Souveraineté nationale -

ABL (80 millions de chiffre d'affaires, 260 salariés) va reprendre tout le site même s'il n'occupe pas l'intégralité de ses 13.650 mètres carrés. Dans un second temps, les espaces disponibles pourraient être investis par des centres de formation, notamment dans les biotechnologies.

La société va y investir de 90 à 100 millions d'euros, en sus du coût de l'acquisition, portant ainsi le coût de l'opération autour de 110-120 millions.

Cela en fait le plus gros investissement industriel engagé pour l'année en cours dans la région, selon M. Wauquiez, qui a promis de l'accompagner financièrement.

Le préfet Hugues Moutouh a lui aussi indiqué que l'État devrait pouvoir apporter sa contribution, la localisation d'activités dans les biotechnologies entrant dans les priorités nationales.

M. Wauquiez a souligné l'élégance de l'industriel lyonnais qui acceptera le prix fixé par les Domaines, alors que, "vu notre situation, il aurait pu racheter pour l'euro symbolique".

M. Mérieux n'a pas voulu fournir beaucoup de détails, le projet étant encore loin d'être finalisé: "nous décollons dans le brouillard, avec un plan de vol pas très défini. Nous avons besoins de quelques mois pour l'affiner", a-t-il dit, en indiquant viser 2022 pour une entrée en fonctionnement.

"Si nous réussissons, nous espérons créer une centaine d'emplois sur place", a indiqué M. Mérieux, qui espère par cette opération "récupérer un peu de souveraineté nationale en matière de bioproduction".

La pandémie de Covid-19, a-t-il rappelé, "a mis en évidence la nécessité pour chaque pays d'être le plus autonome possible au regard de ses besoins de santé publique".