La consommation d'eau du robinet va être interdite pour une durée inconnue dans quatre communes de la Meuse et 12 des Ardennes après la découverte de taux anormaux de PFAS, dits "polluants éternels", ont indiqué les préfectures.
La consommation d'eau du robinet pour la boire ou préparer des biberons sera interdite à partir du 10 juillet dans douze communes des Ardennes comptant un total de 2.800 habitants, a indiqué vendredi la préfecture des Ardennes dans un communiqué co-signé avec l'Agence régionale de santé du Grand-Est.
Avant cela, la même mesure s'appliquera dès samedi, à quatre communes de la Meuse, 620 habitants à elles quatre, selon un communiqué de la préfecture.
Aucune des deux préfectures ne précise la durée de cette interdiction.
Tous les villages concernés dans la Meuse sont situés au bord du même cours d'eau, le Loison. Les communes touchées dans les Ardennes se situent toutes dans le sud du département, à proximité de la rivière Meuse ou de l'un de ses affluents.
Ces restrictions font suite à la découverte de taux de PFAS supérieurs à la limite légale de 100 nanogrammes par litre (ng/l) dans l'eau distribuée.
Une loi sur les polluants éternels promulguée début 2025 prévoit notamment d'inclure les PFAS dans le contrôle sanitaire des eaux potables.
La préfecture des Ardennes reconnaît des dépassements "de façon persistante et très importante".
Selon France 3 et le média Disclose, dans 17 communes à cheval entre la Meuse et les Ardennes, les taux de PFAS détectés dépassent de 3 à 27 fois cette limite, jusqu'à 2.729 ng/l à Villy (Ardennes). Un record en France.
- "Scandale sanitaire" -
Les PFAS, pour substances per- et polyfluoroalkylées, dits "polluants éternels", peuvent avoir des effets délétères sur la santé humaine: augmentation du taux de cholestérol, cancers, effets sur la fertilité et le développement du foetus, etc.
Massivement utilisés dans l'industrie depuis le milieu du XXe siècle, par exemple pour fabriquer des poêles antiadhésives, des vêtements imperméables ou des cosmétiques, ils sont, comme leur nom l'indique, extrêmement difficiles à éliminer une fois dans l'eau ou les sols.
En l'occurrence, "la pollution pourrait être liée à l'épandage, sur des parcelles agricoles situées à proximité des captages d'eau potable, de boues papetières susceptibles de contenir des PFAS", selon les deux préfectures, bien que "cette origine reste à confirmer".
Dans la zone de Villy, "on sait que notre pollution date d'au moins 25 ans", assure la maire de Malandry, Annick Dufils, qui dénonce "un scandale sanitaire". Elle s'attend à ce que les travaux pour un retour à la normale durent plus d'un an.
Elle craint en outre que ces travaux coûtent de 500.000 à 900.000 euros pour les communes dans la zone de Villy. "On va s'endetter sur des décennies", alerte-t-elle, regrettant l'absence de soutien des pouvoirs publics.
Le maire de Villy, Richard Philbiche, accuse une usine de papeterie des environs d'avoir, au-delà de l'épandage effectué dans des champs des environs, "enfoui des tas entiers (de boues papetières) sur un terrain juste au-dessus de notre source", provoquant ces taux extrêmement élevés.
La préfecture de la Meuse demande aux communes concernées, "d'assurer la distribution de bouteilles aux habitants".
"On va payer l'eau 100 fois plus cher" que si elle était captée à la source, assure le maire de Villy.
Le préfet des Ardennes enjoint les communes touchées "à mettre en place, dans les meilleurs délais, un plan d'actions pour réduire de façon satisfaisante le taux de PFAS dans l'eau et rendre de nouveau l'eau conforme aux normes en vigueur".