Petites voitures, carburants synthétiques, nouvelles alliances industrielles: le patron de Renault Luca de Meo a présenté mardi sa feuille de route aux décideurs du Vieux Continent, à quelques semaines des élections européennes.
Dans cette industrie en plein virage électrique, la compétition est "déséquilibrée", affirme M. de Meo.
"Les Américains stimulent, les Chinois planifient, les Européens réglementent", regrette cet ancien de Fiat et Seat, qui est également président de l'Association des constructeurs européens.
"L'Europe doit inventer un modèle hybride. Cela suppose de commencer par une approche défensive, afin de garantir les conditions d'un bon démarrage et, dans un deuxième temps, de repartir à la conquête des marchés mondiaux", souligne le dirigeant dans des déclarations transmises à l'AFP.
Il faudrait faire "comme les Chinois quand les constructeurs européens sont arrivés sur leur marché à partir de 1985", a précisé M. de Meo mardi dans Le Monde. "Pékin avait imposé des joint-ventures à 50-50 avec des acteurs locaux et une obligation d'avoir des fournisseurs sur place. L'Europe doit faire la même chose."
"Avec Airbus, l'Europe a déjà connu le meilleur. En multipliant les coopérations, notre industrie empruntera la route du renouveau", estime le patron du constructeur français, en détaillant ses solutions sur vingt pages.
L'industrie automobile ne remet pas en cause le pacte vert européen, qui implique l'interdiction des moteurs thermiques en 2035. Mais "elle demande que l'on repense les conditions dans lesquelles cette stratégie globale est mise en oeuvre" et qu'on évite un "empilement de normes et de règles", selon M. de Meo.
Il préconise aussi d'explorer la piste des carburants synthétiques pour remplacer l'essence à moyen terme, comme le font Renault ou Stellantis, et la mise en place de "zones économiques vertes" bénéficiant d'une fiscalité et de charges salariales abaissées.
Une partie de ces recommandations avait déjà été transmises aux décideurs européens fin 2023 par l'ACEA. Elles s'accompagnent mardi de dix projets concrets pour "rattraper le retard de l'Europe".
Luca de Meo propose notamment "un plan Marshall européen" avec un fonds commun pour accélérer le renouvellement du parc automobile et des plans nationaux de bonus à l'achat pour les voitures électrifiées, neuves ou d'occasion, valables dix ans.
Il s'agit aussi de "favoriser les projets de coopération entre constructeurs" pour développer et commercialiser des petites voitures et fourgonnettes à bas prix, fabriquées en Europe. Car "rouler tous les jours dans un véhicule électrique qui pèse 2,5 tonnes est un contre-sens écologique", souligne M. de Meo.
Les 200 plus grandes villes européennes pourraient par ailleurs s'accorder sur un péage dont seraient dispensés les véhicules récents, électriques ou à hydrogène.
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