Les déclarations d'Emmanuel Macron, qui a dit vouloir "reprendre le pouvoir" sur le calendrier des autorisations de pesticides, "ne remettent pas en cause l'agence" sanitaire française Anses "en l'état", a déclaré lundi son directeur général Benoît Vallet lors d'un point presse au Salon de l'agriculture à Paris.
Samedi, le chef de l'Etat a répété vouloir éviter qu'un pesticide soit interdit en France avant le reste de l'Union européenne, pour ne pas créer de distorsions de concurrence, répondant à une demande forte du syndicat majoritaire FNSEA.
Pour cela, le président veut que l'Anses, mandatée depuis 2015 pour évaluer les pesticides et autoriser ou non leur mise sur le marché, prenne ses décisions en fonction du calendrier européen. Ces dernières années, plusieurs pesticides, comme l'herbicide S-métolachlore ou certains néonicotinoïdes, ont ainsi été interdits en France alors qu'ils restaient autorisés chez ses voisins européens.
L'Anses "travaille sur une base scientifique (...) et donc elle prend des décisions qui ensuite s'imposent à l'administration. (...) Moi je n'y peux rien (...) et donc on reprend le pouvoir en disant +On le fait au niveau européen+", a déclaré le président samedi.
L'Anses ne voit là "rien de nouveau", l'exécutif ayant déjà évoqué son souhait "d'harmonisation des calendriers".
Actuellement, "les autorisations de mise sur le marché (AMM) sont placées à l'agence et donc seule une nouvelle étape politique ferait que ces AMM seraient retirées à l'agence et replacées dans un autre type d'organisation. Pour l'instant on n'a pas d'élément qui nous ferait penser que c'est le choix du gouvernement", a déclaré M. Vallet.
Si le fonctionnement de l'agence ne change pas, le gouvernement pourrait-il la contourner pour décider d'une autorisation contre son avis?
"Quand la décision de mise sur le marché (relevait du) gouvernement avant 2015, elle s'appuyait de toutes les façons sur des évaluations de l'Anses", qui tiennent compte des risques pour la santé et l'environnement, a souligné Charlotte Grastilleur, directrice générale déléguée de l'Anses.
Elle ne voit pas comment pourrait être décidé d'une AMM "avec une évaluation défavorable et un produit qui ne répond pas aux critères légaux".
"En l'état actuel des textes, on ne peut tenir compte du besoin d'une filière pour autoriser un produit qui serait très important pour elle si le produit n'est pas conforme à la loi", a-t-elle rappelé. Sauf si le gouvernement décide d'une "dérogation de 120 jours" comme il l'a déjà fait à plusieurs reprises pour les néonicotinoïdes sur les betteraves par exemple.