Pesticides: la "maladie professionnelle" doit être reconnue pour un jardinier atteint de Parkinson, demande un magistrat

Le rapporteur public du tribunal administratif de Rennes a demandé vendredi qu'un ancien agent municipal aux espaces verts, exposé pendant 35 ans à des produits phytosanitaires et ayant développé la maladie de Parkinson, bénéficie d'une reconnaissance de "maladie professionnelle."

La position du rapporteur public, un magistrat indépendant chargé de donner son avis sur un dossier devant la justice administrative, est suivie dans la grande majorité des cas.

Le tribunal administratif de Rennes examinait la requête de Gabriel Le Bot, 77 ans, un ancien jardinier de Redon (Ille-et-Vilaine). Diagnostiqué malade de Parkinson en 2008, le retraité avait eu à manipuler sans gants ni masque des désherbants dans les jardins de la commune.

Devant le tribunal, le rapporteur public a estimé vendredi dans ses conclusions "qu'il y a un lien direct entre la maladie de Parkinson et la maladie professionnelle de M. Le Bot."

Le magistrat, soulignant que la commune de Redon a admis que le requérant avait été exposé à des produits par inhalation, a rappelé que la municipalité n'a, par ailleurs, pas contesté que son agent avait eu à réaliser des opération d'épandage dans son travail.

Retraité depuis 2002, Gabriel Le Bot a travaillé comme jardinier à Redon de 1967 à 1990. Affecté à partir de 1990 à la voirie, il avait ensuite "un travail de bureau mais il était exposé (aux produits) parce qu'il était à proximité des lieux de stockage", a aussi relevé le rapporteur public.

N'étant pas agriculteur, Gabriel Le Bot ne dépendait pas du régime de la MSA (Mutualité sociale agricole) et ne pouvait pas se référer à un dispositif créé en 2012 qui reconnaît la maladie de Parkinson au titre des maladies professionnelles agricoles.

Ce document, baptisé "tableau 58", constitue "une sorte de filet de sécurité" pour les victimes, a plaidé l'avocate de M. Le Bot, Me Hermine Baron.

Accompagné à l'audience d'une dizaine de militants du collectif "Soutien aux victimes de pesticides", Gabriel Le Bot, qui se déplace en fauteuil et s'exprime avec difficulté, a dit être venu pour redonner "un peu d'espoir" aux malades.

"Oui je suis victime, oui j'ai fait mon travail (...) Les victimes de pesticides ne sont pas qu'à Redon (...) Je serai content quand je saurai qu'il n'y a plus de malades, plus de pesticides", a-t-il déclaré aux journalistes.

Le tribunal doit rendre sa décision dans deux semaines.