Pesticides: Générations futures demande à protéger les riverains, les viticulteurs soulignent leurs efforts

L'association Générations futures a appelé à "un plan de protection des riverains et à accélérer la conversion à l'agriculture biologique", lundi après la publication d'une étude montrant l'exposition aux pesticides des riverains des cultures viticoles.

Le Comité national des interprofessions des vins (CNIV) a pour sa part souligné les efforts faits par le secteur depuis dix ans pour améliorer ses pratiques.

"Cette étude confirme nos craintes: plus on est près, plus on est exposé", a souligné le porte-parole de Génération futures, François Veillerette, interrogé par l'AFP. "On le dit depuis longtemps, et cela nous rend chagrins car on voit le peu d'empressement [de la part de l'État] à relancer le plan Ecophyto de réduction des pesticides en agriculture".

"Un nouveau gouvernement doit arriver, c'est le moment de relancer Écophyto, de réduire l'usage des pesticides. On voit que c'est une question de santé publique", a-t-il dit.

Produite par l'agence sanitaire Anses et Santé publique France, l'étude PestiRiv montre que les voisins des vignes sont plus exposés aux pesticides que les individus plus éloignés. Les deux institutions préconisent de "réduire les traitements au strict nécessaire", une recommandation "extrapolable" à d'autres cultures, soulignent-elles.

Générations futures demande que soient élargies les zones "de non-traitement". Elles sont fixées depuis 2020 à cinq mètres autour des résidences, pour les plantes basses, et dix mètres pour les plantes hautes dont la vigne. De plus, l'information des riverains avant épandage doit être renforcée, ajoute M. Veillerette.

Plusieurs chartes de "bon voisinage", signées par les préfets et les syndicats agricoles, ont été retoquées par la Justice, faute d'information suffisante des riverains, mais l'État s'est pourvu en cassation.

Le cabinet de la ministre sortante de l'Agriculture n'a pas répondu aux sollicitations de l'AFP, du fait de la démission du gouvernement. La FNSEA, premier syndicat agricole, n'a pas réagi dans l'immédiat.

"Nous sommes assez alignés, depuis plusieurs années, avec les préconisations" de l'étude, a pour sa part dit à l'AFP le président du CNIV, Bernard Farges. Lui-même, en tant que vigneron, prévient avant ses épandages tous ses voisins qui le lui demandent.

La viticulture est "la filière agricole la plus avancée dans cette transformation de l'utilisation des pesticides", avec la montée du bio et la recherche d'alternatives aux pesticides de synthèse, a-t-il énuméré.

"Nous ne réussirons pas seuls. Les firmes qui fabriquent les pesticides doivent faire évoluer leurs produits (...) L'État a aussi un rôle à jouer en améliorant les procédures d'homologation de substances, en particulier de biocontrôle", a ajouté le président de la Confédération des appellations et des vignerons de Bourgogne (CAVB), Thiébault Huber.

De son côté, Phytéis, qui regroupe 18 producteurs de pesticides dont les filiales françaises des géants Bayer, BASF ou Corteva, estime que l'étude PestiRiv "démontre clairement que que les procédures d'homologation sont strictes et offrent un cadre sécurisé à l'usage des produits phytopharmaceutiques".

"Présence ne signifie pas risque", a souligné son président, Yves Piquet, dans un communiqué. Phytéis souligne par ailleurs que les autorisations de mises sur le marché des pesticides "prennent des marges de sécurité très importantes dans l'évaluation des risques sanitaires auxquels pourraient être exposés les riverains des surfaces agricoles".

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