Huit personnes, interpellées samedi lors d'une action contre la pollution aux perfluorés (PFAS) sur le site de l'usine Arkema au sud de Lyon, seront jugées le 18 juin par le tribunal correctionnel, a annoncé lundi le parquet.
Elles avaient été placées en garde à vue après l'intrusion de plusieurs centaines de manifestants sur le site du groupe à Pierre-Bénite (Rhône), où elles ont laissé des graffitis et déployé des banderoles dont une avec le mot "poison" surmonté d'une tête de mort.
Elles sont toutes "poursuivies du chef de participation à un groupement formé en vue de la préparation de violences contre les personnes ou de destructions ou de dégradations de biens", l'une pour "violence sur un policier" et cinq de "dégradations", indique le parquet à l'AFP.
Après la diffusion de plusieurs enquêtes journalistiques en 2022 sur les PFAS, dits "polluants éternels", les autorités régionales ont enjoint à Arkema de ne plus en utiliser à la fin 2024. L'industriel a depuis installé une station de filtration permettant de réduire drastiquement ses rejets.
Malgré tout, la préfecture a émis lundi de nouvelles recommandations sanitaires pour les riverains: il est désormais recommandé de ne pas manger les fruits et légumes produits dans les jardins potagers situés dans un périmètre de 500 mètres autour de l'usine Arkema.
Ces recommandations font suite à une analyse portant sur 35 substances qui ont montré "une présence de PFAS dans les sols, les fruits et légumes et l'eau de pluie ou de puits privés utilisée pour l'arrosage des jardins" dans ce périmètre, explique la préfecture dans un communiqué.
Des recommandations existaient déjà contre la consommation d'oeufs et de viandes des volailles des poulaillers appartenant à des particuliers sur une quinzaine de communes.
Fin juillet 2023, l'usine Arkema avait adressé un courrier aux utilisateurs de son propre jardin partagé leur recommandant de ne pas consommer les fruits et légumes.
Les PFAS, composés poly et perfluoroalkylées (une famille regroupant plus de 4.700 molécules), sont dotés de propriétés anti-adhésives et imperméables et sont massivement présents dans la vie courante: poêles en Teflon, emballages alimentaires, textiles imperméables, automobiles...
Quasi indestructibles, ils s'accumulent avec le temps dans l'air, le sol, les eaux des rivières, la nourriture et jusque dans le corps humain, d'où leur surnom. En cas d'exposition sur une longue période, ils peuvent avoir des effets sur la fertilité ou favoriser certains cancers, selon de premières études.
Ces derniers mois, plusieurs collectivités et des particuliers ont lancé des plaintes collectives pour "mise en danger de la vie d'autrui" en s'inquiétant de "concentrations alarmantes" de PFAS liés à des sites industriels de la vallée de la chimie, au sud de Lyon, où se trouve le site d'Arkema.
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