A peine revenu de son tour du monde, Yann Quénet rêve de nouveaux horizons

Après trois ans à sillonner le globe sur Baluchon, voilier de quatre mètres construit de ses propres mains, Yann Quénet a fait un retour triomphal samedi à Saint-Brieuc... mais pas pour longtemps: le navigateur breton rêve déjà de nouveaux horizons.

"C'est beaucoup d'émotions. Depuis deux ou trois jours, je me doutais que j'allais avoir un bel accueil mais à ce niveau là, c'est émouvant", a-t-il raconté à l'AFP.

Au port du Légué à Saint-Brieuc, les drisses des bateaux amarrés se mêlent à la centaine de personnes venues applaudir le retour de Yann Quénet, 52 ans.

Un retour qui tranche avec le départ du Briochin, parti de Bretagne trois ans plus tôt dans la plus grande discrétion pour réaliser son rêve: effectuer un tour du monde avec son petit voilier sans technologie sophistiquée, sans matériaux hors de prix, qui lui a coûté environ 4.000 euros.

Derrière son épaisse barbe et ses vêtements délavés, le navigateur ne peut se défaire de son sourire. Pour lui, ce voyage est "un ravissement", tout comme son retour, marqué par les embrassades successives avec ses amis et sa famille, venus pour acclamer celui qu'ils considèrent désormais comme un héros.

Mais pour cet homme timide et réservé, pas question de parler d'exploit.

"Je n'ai pas fait ça du tout pour battre des records ou faire l'intéressant. Je me fait plaisir, c'est tout", explique-t-il.

Sans appareil de communication ou de repérage dans Baluchon, le navigateur se considère ironiquement comme "très élaboré" avec son seul téléphone portable comme GPS.

La solitude ? Il n'en a pas souffert. "Moi je me trouve d'une bonne compagnie. Je ne me fâche jamais avec moi-même ou très rarement", confie-t-il, rieur.

- "pas une grande personne sérieuse" -

"J'ai appris la voile tout seul (...) ça a été un long apprentissage pour arriver à ce tour du monde", confie Yann, de retour sur la terre ferme.

Les moments compliqués de son voyage, il s'en souvient, à commencer par les tempêtes du Pacifique et la traversée de l'océan Indien. Mais c'est l'arrivée aux îles Marquises qui l'a profondément marqué. "J'ai tellement rêvé de ces îles que je ne savais pas si je vivais la réalité ou si c'était un rêve", explique-t-il, pensif.

Ses souvenirs feront l'objet d'un récit, "Le Tour du monde avec mon Baluchon", qui sera publié le 10 novembre aux éditions du Cherche Midi.

Une fois à quai, son accueil est digne de ceux des plus grands voyageurs. Après une douche au champagne pour Baluchon, le navigateur a lui aussi droit à un présent de la part de la mairie: une gravure de Saint-Brieuc, sa ville qu'il quittera certainement d'ici peu.

Rêveur mais surtout aventurier, c'est vers les eaux du Grand Nord canadien qu'il se dirigera pour passer l'hiver. "J'ai mis pied à terre mais je suis encore en navigation dans ma tête sur mon petit bateau", confie-t-il.

Pourtant cette fois-ci, Baluchon ne sera pas de la partie. Pour cette nouvelle aventure, Yann a construit "un autre petit voilier, un tout petit parce que je n'aime pas les grands bateaux, c'est pour les grandes personnes sérieuses et moi je ne suis pas une grande personne sérieuse".

Mais il l'admet, sans son petit voilier, rien n'aurait été possible. "Il a toujours pris soin de moi, j'essaye de prendre soin de lui."

Alors pas question de lui dire au revoir. Après une remise en beauté bien méritée, Baluchon prendra ses quartiers dans le petit atelier de Yann en attendant le retour de son compagnon de route.

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