Le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche Patrick Hetzel a mis en garde mercredi contre "un risque de décrochage" de la recherche française, appelant à un "pacte" pour "impliquer" le secteur privé qui doit "apporter sa pierre à l'édifice" en matière de financement.
"Est-ce qu'il n'y a pas un risque de décrochage par rapport à la partie recherche française? Oui, ce risque est réel", a déclaré M. Hetzel lors d'une audition par la commission des Affaires culturelles et de l'éducation de l'Assemblée sur le budget de l'Enseignement supérieur et de la recherche.
"Ce n'est pas très agréable de se dire qu'aujourd'hui, en France, nous investissons 2,2% du PIB pour la recherche là où nos voisins allemands sont à 3,1% de leur PIB. Et quand vous mettez les deux face à face, vous vous apercevez qu'en somme absolue, c'est pratiquement du simple au double", a-t-il ajouté.
Mais "par rapport à ce risque, il faut pas que nous restions immobiles", a-t-il estimé. "Ça veut dire aussi que nous devons aller capter y compris des budgets, parce qu'aujourd'hui, il y a des financements européens pour un certain nombre de recherches". Et "il faut un vrai pacte pour la recherche où le secteur privé doit aussi apporter sa pierre à l'édifice", a-t-il dit.
Dans un entretien au Figaro publié lundi, M. Hetzel avait fait part de sa "volonté de ne pas opposer public et privé, qu'il s'agisse de recherche ou de formation".
Le gouvernement a présenté le 10 octobre un budget de la recherche et de l'enseignement supérieur quasi stable, qui prévoit des crédits de 26,8 milliards d'euros.
Le Snesup-FSU, premier syndicat de l'enseignement supérieur, avait dénoncé un gouvernement qui "sacrifie l'avenir de notre pays en renonçant à financer les programmes de recherche à la hauteur de ses propres annonces".
Interrogé par ailleurs sur la situation financière des universités, M. Hetzel a indiqué porter "une attention toute particulière à cette question". Mais "pour le moment, les informations que nous avons sont plutôt (...) qu'il y aurait en réalité moins d'établissements en difficulté en fin d'année 2024 par rapport à 2023", a-t-il ajouté.
Les présidents d'établissements, réunis au sein de France Universités, s'étaient inquiétés en septembre de la situation financière des universités, dont 60 (sur 74) pourraient être en déficit en 2024, contre 30 en 2023, selon eux.
Sur le modèle économique des universités, M. Hetzel a en outre souligné qu'il y avait "tout un spectre d'actions possibles en termes de ressources propres qui ne sont pas celles de l'augmentation des droits d'inscription".