Passage de flambeau à la tête du Crédit Agricole

Le groupe bancaire Crédit Agricole acte mercredi l'arrivée à sa tête d'Olivier Gavalda, qui prend la suite de Philippe Brassac, resté dix ans à ce poste, à l'occasion de l'assemblée générale annuelle à Paris.

"Cette assemblée générale représente une date charnière dans la gouvernance exécutive de Credit Agricole SA", l'entité cotée du groupe, a déclaré en introduction son président Dominique Lefebvre.

M. Gavalda, 61 ans, actuel directeur général délégué (DGD) de Crédit Agricole SA, hérite d'une banque en très bonne santé financière avec 8,6 milliards d'euros de bénéfice net pour le groupe l'an dernier, dont 7,1 milliards d'euros pour l'entité cotée.

Titulaire d'une maîtrise en économétrie et d'un DESS organisation/informatique des Arts et Métiers, M. Gavalda est un pur produit du Crédit Agricole.

A la fin des années 80, il entre "pour la première fois dans l'univers du Crédit Agricole via un job d'été au guichet d'une des agences de la caisse régionale du Midi à Montpellier", raconte-t-il dans un post sur le réseau social Linkedin.

Il fait ensuite l'essentiel de sa carrière dans les caisses régionales et entre à Crédit Agricole SA en 2010 en tant que directeur du pôle en charge de ces dernières.

M. Gavalda est nommé cinq ans plus tard directeur général adjoint en charge du pôle "développement, client et innovation", avant de diriger la caisse d'Ile-de-France à partir de 2016 puis d'être nommé en novembre 2022 à son poste actuel, DGD en charge de la banque universelle, modèle bancaire aux métiers et géographies très variées.

- Pain sur la planche -

Le futur chef va remanier l'équipe de direction, ne s'entourant à partir du 1er juin que d'un seul directeur général délégué, Jérôme Grivet, contre trois pour son prédécesseur, de trois directeurs généraux adjoints (DGA), Grégory Erphelin, Gérald Grégoire et Stéphane Priami, et d'une directrice générale adjointe, Clotilde L'Angevin.

M. Gavalda sera par ailleurs confronté dans quatre ans, comme M. Brassac aujourd'hui, à la limite d'âge à son poste, fixée par les statuts à 65 ans.

"A l'heure où certains établissements décident de reporter les limites d'âge, nous faisons le choix de maintenir les nôtres de manière exigeante à 65 ans", a précisé M. Lefebvre, alors que BNP Paribas, qui a voté mardi une résolution en ce sens, à l'heure où son directeur général Jean-Laurent Bonnafé approchait de la limite.

Parmi ses dossiers chauds, le nouveau directeur général devra prochainement trancher sur l'avenir du groupe Crédit Agricole en Italie et peut-être envisager d'autres terrains de jeu en Europe.

Se dresse aussi devant M. Gavalda le chantier de la banque en ligne, marché où la filiale maison, BforBank, évolue en queue de peloton, loin derrière Boursobank (groupe Société Générale) ou encore Hello Bank! (groupe BNP Paribas).

Le nouveau dirigeant devra également garder un oeil sur le spécialiste français des paiements électroniques Worldline, en grande difficulté depuis plusieurs années, dont il a été administrateur et dont le Crédit Agricole est actionnaire.

- Couleur du logo -

M. Gavalda est aussi attendu au tournant par des associations de défense de l'environnement.

Une trentaine d'activistes des ONG Les amis de la terre et Action Justice Climat se sont rassemblés devant le lieu de l'AG, un peu avant le début de celle-ci, avec des pancartes dénonçant le soutien de la banque à un projet d'exploration gazière au Mozambique, LNG Mozambique, porté par TotalEnergies.

"Crimes au Mozambique, silence complice", ont scandé les militants, avant de déployer sur la façade du bâtiment une banderole "Serez-vous complice?", à destination des actionnaires.

"Ce projet ne respecte pas les droits humains et c'est une bombe climatique", a déclaré auprès de l'AFP Lorette Philippot, porte-parole des Amis de la Terre.

"Certaines ONG se mobilisent sur quelques cas particuliers qu'elles veulent ériger en symboles", a répondu à l'intérieur de la salle M. Lefebvre, "sans concevoir que le passage à l'économie décarbonée se gagne avant tout dans les esprits, se gagne dans les transitions à l'opposé de décisions brutales souvent inefficaces et de plus incomprises".

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