L'ancien patron emblématique de l'agence française chargée des réfugiés, Pascal Brice, a été élu jeudi président de la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS), mastodonte de la lutte contre l'exclusion, où il entend gérer "l'urgence de la crise sociale".
"Face aux destructions d'emplois annoncées, de plus en plus de gens basculent dans le chômage et demandent des aides alimentaires, perdent leur logement, le rôle de la FAS sera d'aider les plus précaires à affronter l'urgence de la crise sociale" qui va succéder à la pandémie du Covid-19, a déclaré à l'AFP Pascal Brice.
L'ancien diplomate de 54 ans, qui a dirigé l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) de 2012 à 2018, en pleine crise migratoire, a été élu par le conseil d'administration de la FAS qui regroupe des centaines d'associations et organismes de lutte contre l'exclusion. Il succède à Louis Gallois, président depuis 2012.
"Nous allons continuer d'accompagner ces personnes, notamment les sans-abri, en cherchant des solutions d'insertion, d'emploi et d'hébergement, mais aussi à travers un dialogue continu avec les pouvoirs publics", a-t-il expliqué.
Pour M. Brice, le gouvernement a fait des "efforts réels" avec des mesures de chômage partiel et un ambitieux plan de relance de l'économie. Mais, souligne-t-il, "l'inquiétude et les attentes sont très fortes".
Dans une motion interne, la FAS déplore en effet que "moins de 1% des crédits du plan de relance sont affectés aux politiques de soutien aux plus précaires".
Ce regroupement d'associations réclame notamment la construction de logements sociaux, la revalorisation du RSA et son ouverture aux jeunes, ainsi que la création d'emplois solidaires pour pallier "la disparition de près de 800.000 emplois qui vont d'abord pénaliser les moins qualifiés".
A la tête de l'Ofpra, un organe sous tutelle du ministère de l'Intérieur, Pascal Brice s'est illustré par sa liberté de parole sur la question migratoire, se montrant parfois sévère sur l'action publique en matière d'accueil et d'intégration.
"Nous sommes ravis de l'arrivée de Pascal Brice (...). Pour nous, c'est une opportunité d'avancer dans le dialogue parfois difficile avec le gouvernement, étant donné son expérience", a réagi le directeur général de la FAS, Florent Guéguen, joint au téléphone.
"Il a montré par le passé, notamment à la tête de l'Ofpra, qu'il savait résister à la pression, et il a aussi un savoir-faire de diplomate", a-t-il salué.