Pas de régie publique pour le Sedif (eaux d'Ile-de-France)

Le premier syndicat des eaux de France, le Sedif, qui approvisionne plus de quatre millions de Franciliens, a décidé jeudi de continuer à concéder la gestion de l'eau potable à des opérateurs privés.

Les élus ont en outre rejeté la possibilité de diviser en deux lots ce marché sans équivalent, de quatre milliards d'euros sur 12 ans, ce qui aurait pu ouvrir la porte à deux délégataires.

Veolia, opérateur de l'établissement depuis cent ans, voit son contrat de délégation de service public (DSP) arriver à terme fin 2023. Les candidats au nouvel appel d'offres devraient être connus dès cet été, selon le Syndicat des eaux d'Ile-de-France, qui couvre une vaste part du pourtour de Paris.

Jeudi, les élus des 135 communes membres ont choisi, à 88% des votants, la concession plutôt que la régie en direct ou d'autres formules intermédiaires pour fournir les quelque 780.000 m3 d'eau quotidiens.

André Santini, président du Sedif depuis 1983, a cité des "difficultés de mise en place de la régie publique, compte tenu du volume des investissements futurs, avec un personnel bien plus conséquent (1.400), de nombreux marchés à passer".

"A l'échelle du Sedif, elle est inadaptée et peut devenir +aventureuse+", a estimé le maire (UDI) d'Issy-les-Moulineaux.

Sur fond de réflexion générale sur la gestion de l'eau et les enjeux de ressource, le Sedif avait confié pendant deux ans une mission sur son futur mode de gestion à un groupe d'experts et juristes.

Le bureau du syndicat a ainsi retenu l'idée de deux concessions: l'une pour la production d'eau, l'autre pour la distribution, une façon de pousser la concurrence et l'innovation.

Mais elle a été rejetée. "Pourquoi changer ce qui marche?", a résumé Richard Dell'Agnola, élu (LR) de Grand Orly Seine Bièvre.

"Veolia est prestataire depuis un siècle et je pensais qu'on pouvait +aérer+" la DSP, a déclaré à la presse après le vote André Santini, qui s'est cependant dit "pas surpris ni déçu".

Le maire PCF de La Courneuve Gilles Poux a déploré "qu'on délègue un bien commun aux logiques privées". Pour lui, la division en deux concessions aurait été "un minima pour commencer à avancer, et donner un signe" aux communes prêtes à quitter le Sedif.

Le syndicat fait face à la fronde de plusieurs communautés de communes, critiques de la gouvernance et désireuses de passer en régie. Ainsi Est Ensemble (Seine-Saint-Denis) en est-il sorti en janvier.

Selon M. Santini, "les critiques persistent, ici ou là, nous amenant même jusqu'à être auditionnés par une commission d'enquête parlementaire de l'Assemblée nationale, le 12 mai dernier", consacrée à "la mainmise sur la ressource en eau par les intérêts privés".

"Compte tenu de l'orientation à charge de certaines questions, j'ai déposé, au nom du Sedif, une plainte contre X pour diffamation, le 21 mai dernier" auprès du parquet de Paris, a-t-il indiqué.

Dans un communiqué, la présidente de cette commission d'enquête, la députée LFI Mathilde Panot a rapporté "des pressions et intimidations aux élus qui veulent sortir du Sedif" ainsi que "des gels de travaux lorsque des maires, élus démocratiquement, veulent créer une régie publique".

"Je me réserve la possibilité de reconvoquer M. Santini pour d'autres questions", ajoute cette élue du Val-de-Marne.

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