Le gouvernement va continuer de "laisser vivre le débat" parlementaire sans recours immédiat au 49.3 sur les textes budgétaires, un "changement culturel" après "l'hyper présidentialisation", a déclaré mercredi la ministre des Relations avec le Parlement, Nathalie Delattre.
"Oui, c'est assumé. C'est la méthode Barnier. C'est une volonté de ne plus être dans l'hyper présidentialisation mais de laisser s'exprimer nos institutions de la Ve. Et la base, c'est le bicamérisme, c'est le parlementarisme et c'est les débats à l'Assemblée nationale et au Sénat", a déclaré Mme Delattre sur LCP.
"Nous n'avons pas l'apanage des bonnes idées, nous souhaitons que le débat vive, nous souhaitons regarder les solutions proposées. D'un autre côté, on voit bien qu'il y a des coalitions LFI-RN à certains moments qui se font, avec des taxations massives, et la solution n'est pas là", a expliqué Mme Delattre.
"Mais pourquoi couper court ? Nous sommes des démocrates, nous avons envie de pouvoir discuter et de faire en sorte que les Français s'aperçoivent aussi de situations et de propositions qui ne sont pas tenables. Donc on va continuer, effectivement à laisser vivre ce débat", a-t-elle ajouté.
"C'est vrai que nous avons eu deux années avec 49.3 sur les textes financiers. Une non-habitude de ce débat" budgétaire, a répondu la ministre, interrogée sur l'absence fréquente dans l'hémicycle de députés du "socle commun" macroniste-droite soutenant le gouvernement de Michel Barnier.
"Nous ne pouvons pas ignorer qu'il y a eu le traumatisme de la dissolution et l'envie, pour nos parlementaires, de continuer à arpenter le territoire", a-t-elle fait valoir. Mais "on voit bien que sur certains votes, si nous avions été quatre ou cinq de plus, nous aurions pu" l'emporter.
"Je crois que c'est de la responsabilité de chacun, mais je pense qu'il y a aussi un changement culturel à avoir par rapport à des pratiques qui se sont fait jour et, effectivement, l'absence de débat sur les textes financiers ces dernières années", a développé Mme Delattre.
Le gouvernement, sans majorité absolue à l'Assemblée, additionne les revers dans l'hémicycle sur les projets de budget sans pour l'heure recourir à chaque étape au 49.3 -qui permet l'adoption d'un texte sans vote, sauf motion de censure-, comme le faisait le gouvernement d'Élisabeth Borne. Laissant augurer d'un possible recours "final" à cette arme constitutionnelle au terme du processus parlementaire.