Partage de l'eau dans la Vienne: action d'agriculteurs au Futuroscope

Une quarantaine d'agriculteurs ont filtré avec des tracteurs l'accès des véhicules au Futuroscope de Poitiers vendredi, laissant pénétrer les piétons, pour protester contre le vote mercredi prochain d'une étude sur l'eau, qui entraînera selon eux une baisse des prélèvements autorisés dans la Vienne.

"Il n'y aura pas un véhicule qui rentrera sur le parking qui est derrière nous, pas un véhicule", a déclaré sur place à l'AFP François Turpeau, président de la Coordination rurale de la Vienne, l'un des trois syndicats qui appelaient à la mobilisation avec la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs. "Des touristes se sont garés ailleurs et peuvent rentrer à pied."

Le parc d'attraction attendait entre 3.000 et 4.000 spectateurs ce vendredi, essentiellement des scolaires, a indiqué un responsable.

"On se laisse l'opportunité de peut-être repartir, mais de revenir tous les jours au moment de l'ouverture", a ajouté M. Turpeau. "On sait très bien que les week-ends de juin sont une période importante pour le Futuroscope", ciblé en particulier parce qu'il inaugure une nouvelle attraction aquatique, "Mission Bermudes".

La première mouture, non examinée officiellement, des études HMUC (Hydrologie, Milieux, Usages, Climat) avait conclu l'an dernier à un manque d'eau pour remplir la trentaine de "bassines" - réserves d'eau pour l'irrigation agricole constituées en puisant dans la nappe phréatique ou les cours d'eau - prévues dans la Vienne, en l'état du partage de la ressource entre distribution d'eau potable, agriculture et industrie.

La validation de ces études, "visant à évaluer et à planifier la gestion durable de la ressource en eau, en tenant compte des impacts du changement climatique et des différents usages (eau potable, agriculture, industrie, milieux naturels)" selon la préfecture, conditionne les financements publics de ces projets de retenues d'eau, soumis à des contreparties environnementales.

Dans un communiqué commun, les trois syndicats mobilisés estiment que "le vote des orientations issues des études HMUC (baisse des volumes prélevables, restauration des zones humides, zéro phyto sur les bassins d'alimentation)" risque de faire disparaître "des exploitations entières", "à commencer par les plus dépendantes de l'eau", maraîchers et producteurs de semences notamment.

"On va perdre 27 millions d'euros par an sur le territoire du bassin du Clain. Vingt-sept millions, c'est énorme, avec une perte de plus de 200 emplois en agriculture et les filières agricoles", avance M. Turpeau, citant les conclusions d'une étude socio-économique, financée par le Département et le Grand Poitiers, qui avait été réclamée par les agriculteurs irrigants en complément de l'étude HMUC.