Un rapport parlementaire propose une vingtaine d'actions pour corriger le "mauvais état écologique" de l'étang de Berre (Bouches-du-Rhône), la plus grande lagune de France, estimant "primordial" de respecter l'objectif européen d'un "bon état des eaux" d'ici 2027.
"La probabilité" de passer ce cap "est plus qu'incertaine", concède le rapport de la mission d'information parlementaire sur la réhabilitation de l'étang de Berre, présenté mercredi à l'Assemblée nationale par son rapporteur, le député LREM des Bouches-du-Rhône Jean-Marc Zulesi.
Mais pas question d'utiliser la possibilité offerte par la directive cadre sur l'eau du 23 octobre 2000 de s'affranchir de cette date-limite, insiste la mission présidée par les députés des Bouches-du-Rhône, Pierre Dharréville (PCF) et Eric Diard (LR): "Le recours à cette dérogation ne se justifie pas et l'atteinte des objectifs fixés pour 2027 est primordiale".
Parmi ses 20 propositions pour améliorer la qualité de l'eau de l'étang de Berre, à une dizaine de kilomètres à l'ouest de Marseille, la mission parlementaire recommande surtout une réduction supplémentaire des rejets d'eau douce et de limons de la centrale hydro-électrique de Saint-Chamas, une des 11 communes qui bordent cette étendue de 15.500 hectares.
Si la pollution historique, d'origine industrielle et urbaine, "a aujourd'hui complètement cessé", explique le rapport, l'écosystème de la lagune est surtout perturbé depuis 1966 par les rejets de cette centrale qui provoquent une "stratification" des eaux. Conséquence: l'eau salée, plus lourde, plonge en profondeur et "la vie biologique a disparu sur la moitié des fonds de l'étang".
Pendant des années, la centrale a évacué 3,3 milliards de mètres cubes d'eau douce et 460.000 tonnes de limons par an. Mais ces rejets ont déjà été fortement limités, jusqu'à des plafonds de 1,2 milliard de mètres cubes et 60.000 tonnes par an, depuis 2006. La mission "préconise une nouvelle phase de diminution de ces rejets, de plus ou moins 50%".
Autre préconisation forte: la réouverture du canal du Rove, creusé en 1926 pour relier l'étang au port de Marseille: depuis 1963 et l'effondrement partiel du tunnel du Rove, cet apport en eau salée s'est tari, contribuant au déséquilibre de l'étang.