Un mois et demi après son échec retentissant à la présidentielle, la maire PS de Paris Anne Hidalgo fait son retour politique mardi lors d'un conseil municipal jusqu'à vendredi, où s'accumulent les dossiers délicats, même si les plus brûlants sont repoussés par la campagne législative.
"Vous avez aimé Hidalgo 1, vous allez aimer Hidalgo 2 qui revient en colère." Aurélien Véron (LR) résumait mercredi, vu par la droite, le retour aux manettes de la maire de Paris après le fiasco historique du PS à la présidentielle (1,75%), qui s'est déjà traduit par la quasi-disparition des candidats socialistes (2 sur les 18 circonscriptions parisiennes) au sein de l'alliance de gauche pour les législatives.
Mais l'ex-candidate socialiste "n'a jamais lâché les affaires parisiennes" et revient "très motivée et très engagée", rétorque son premier adjoint (PS) Emmanuel Grégoire, chargé de communiquer sur tous les sujets majeurs pendant la parenthèse présidentielle.
Le dauphin désigné d'Anne Hidalgo en 2026 va poursuivre son intérim mercredi en répondant aux questions d'actualité : Anne Hidalgo sera en effet à Madrid, aux côtés du président du Comité international olympique (CIO) Thomas Bach, pour une réunion du Conseil de la Fondation olympique pour les réfugiés (ORF).
"Un événement impérieux dans le cadre de la préparation des Jeux olympiques" de 2024, pour M. Grégoire, mais qui suscite évidemment les critiques de la droite.
"Elle ne vient pas beaucoup (d'habitude) mais là en plus, elle saute une journée complète. Je n'ai pas l'impression qu'elle ait tiré la leçon de son échec", grince Aurélien Véron, selon qui Anne Hidalgo "est complètement ailleurs".
"Rien ne change et c'en est presque désespérant", abonde David Alphand (LR).
L'adjoint au Conseil Patrick Bloche (PS) a répondu avoir proposé d'avancer à mardi les questions d'actualité, ce que les élus LR et apparentés, qui promettent de l'interpeller avec "sobriété et respect", ont refusé.
Compte tenu de l'échéance législative, certains dossiers chauds ont été repoussés à juillet, en même temps que l'examen du budget supplémentaire. Pour l'heure, "la volonté en haut lieu est de faire un petit conseil, avec des délibérations soit urgentes, soit consensuelles", explique-t-on dans l'entourage des écologistes.
- Dette, arbres et terrasses -
Si la droite sera prompte à critiquer des finances dans lesquelles "le problème de la dette est toujours patent", selon David Alphand, l'adjoint (PS) aux finances Paul Simondon vante un "rétablissement progressif" et vise un "retour sous les 12 ans en matière de désendettement".
Tenus par l'accord en vue des législatives, les alliés écologistes et communistes, rarement dociles avec les socialistes, décocheront tout de même quelques flèches.
Profitant de la marche arrière de l'exécutif face à la percée médiatique de militants qui protestaient contre l'abattage prévu d'une vingtaine d'arbres au pied de la Tour Eiffel, les écologistes réclament ainsi "le réexamen des prévisions d'abattage d'arbres dans tous les projets urbains" de Paris.
Les Verts demandent aussi une révision du règlement des terrasses, entré en vigueur à l'été 2021 mais qui n'empêche pas les "nuisances générées", en particulier sonores. Malgré la réduction du nombre de terrasses estivales de 12.000 à 3.000, "il faut une meilleure régulation dans l'ensemble de la Ville", a insisté Nour Durand-Raucher.
Les communistes, eux, comptent s'abstenir sur la création d'un passe stationnement en parking souterrain pour les deux-roues motorisés, prélude au stationnement payant pour ces véhicules prévu pour septembre. "On va passer de la gratuité à 70 euros par mois", grince Nicolas Bonnet-Oulaldj pour qui ce mode de déplacement ne concerne "pas que des cadres et des gens aisés".
Quant aux grands projets de réduction de la place de la voiture dans la capitale (Champs-Elysées, périphérique, Tour Eiffel, zone apaisée de Paris Centre) qui seront, en parallèle des Jeux olympiques, les grands défis d'Anne Hidalgo pour son second mandat, la bataille politique se joue directement avec l'Etat: le préfet de police Didier Lallement a accueilli très froidement les deux premiers, et exprimé son opposition aux deux derniers.