"Nous ne sommes pas du tout concernés": "bien loin" de Pékin et de ses festivités du Nouvel an gâchées par l'épidémie du coronavirus, la communauté chinoise de Paris "fête normalement" le premier jour de l'année du Rat, devant des touristes "solidaires".
Un long dragon rouge et trois lions paradent au son d'un tambour et de cymbales, sous un beau soleil et les yeux d'une centaine de touristes dans la rue étroite du Faubourg Saint-Honoré (VIIIe arrondissement).
Comme tous les ans, l'association Paris Lion Sport Association prépare "des mois à l'avance" ses célébrations pour le Nouvel an: "nous avons commencé les représentations mercredi et on va encore se produire la semaine prochaine", explique François Ung, 32 ans et président de l'association, entouré d'une trentaine de jeunes en survêtement noir et jaune qui assurent le show.
Tous se disent "bien loin" des "préoccupations" de l'épidémie qui a contaminé près de 1.300 personnes en Chine et à l'étranger, dont 41 mortellement depuis décembre. En France, ce sont trois cas de contamination qui ont été confirmés vendredi dont deux à Paris et un Bordeaux, les premiers en Europe.
En tout, l'association a prévu plus de 50 spectacles pendant deux semaines et "aucun n'a été annulé" pour l'instant.
"Ce n'est pas à cause de ça qu'on va arrêter de vivre, nous ne sommes pas du tout concernés, nous sommes loin de la Chine", se rassure François Ung.
Derrière lui, un autre membre du groupe, âgé de 17 ans, tient un grand étendard noir sur lequel un dragon est cousu: "Je n'y pense pas, on fête le Nouvel an normalement et comme il se doit car il faut perpétuer les traditions", affirme l'adolescent.
- "Jour de fête" -
A ses côtés, un des danseurs, une grande tête de lion à la main, s'emporte, agacé par les questions sur le nouveau virus: "Pourquoi ça nous concernerait ? Nous ne sommes pas des Chinois de Chine, on s'en fout nous !".
Son fils sur les épaules, Hui, touriste chinois, est venu célébrer le passage à l'année du Rat à Paris: "C'est un jour de fête et il ne sera pas gâché", explique ce père de 35 ans, qui célèbre pour la première fois le Nouvel an "loin" de chez lui.
Vivant à Shanghai, à 800 km de Wuhan, l'épicentre de l'épidémie, il "espère pouvoir rentrer en Chine comme prévu samedi prochain".
A l'écart, deux touristes chinois de 25 ans, bob noir et masques noirs sur le visage, "regardent de loin" le défilé: "Nous n'avons pas trop la tête aux célébrations", racontent-ils, sous une porte lumineuse sur laquelle est écrit "Bonne année" en français et mandarin.
Venus faire les magasins et tombés "par hasard" sur le défilé, des touristes italiens, se disent "solidaires" et "contents que ce ne soit pas annulé à cause de l'épidémie".
Tout comme un couple d'Allemands, Johannes et Romy: "comme ça on soutient un peu la Chine", disent-ils.
"Aujourd'hui, la communauté chinoise a besoin de joie, de prospérité et surtout de santé", a déclaré à l'AFP la maire LR du VIIIe arrondissement, Jeanne d'Hauteserre, qui a des origines chinoises. "L'ambiance est la même" et cela a "attiré autant de monde que les autres années", assure aussi l'élue, qui organise avec le Comité du Faubourg Saint-Honoré ce défilé depuis quatre ans.
Au même moment, un spectacle similaire avait lieu sous la Tour Eiffel devant des dizaines de touristes: "On fête normalement, pourquoi on changerait notre programme ?", déclarent aussi les quelques membres de l'Association française de danse du dragon et du lion chinois, sous un dragon jaune et blanc.
Un "grand défilé" aura lieu dans le XIIIe arrondissement dimanche 2 février, là où une grande partie de la communauté chinoise vit à Paris.
A Bordeaux en revanche, les festivités qui devaient se tenir dimanche ont été annulées en raison de la confirmation d'un cas de coronavirus dans la capitale girondine, ont annoncé l'Association et les Coordinateurs de la Fête du Nouvel An Chinois de Bordeaux "par principe de précaution".