Réutiliser pour éviter de jeter: le réemploi, notamment des emballages, demeure le maillon faible de la réduction des déchets, en France comme dans d'autres pays d'Europe: 3.000 professionnels sont attendus lundi et mardi à Paris pour tenter de corriger le tir.
"Connecter les acteurs, faire circuler les idées, les pratiques et surtout mettre le pied à l'étrier des entreprises avec des solutions", tel est le programme de la "Reuse Economy Expo", organisée au Parc floral de Vincennes, a expliqué à l'AFP Célia Rennesson, directrice générale du Réseau Vrac et Réemploi, organisateur de l'événement.
En France, en 2023, 2,4 milliards d'emballages réemployés de tous types confondus (ménagers, de la restauration et industriels et commerciaux) ont été mis sur le marché, correspondant à un taux de réemploi de seulement 2,22%, selon le dernier bilan de l'Agence pour la transition écologique (Ademe).
Pour les seuls emballages ménagers, le constat est encore plus sombre: le taux de réemploi est de 1,1%, alors que la loi Agec sur l'économie circulaire a fixé un objectif de 5% pour 2023 et de 10% pour 2027.
Ailleurs en Europe, la situation n'est pas forcément plus enviable, selon Mme Rennesson, qui assure que si l'Allemagne "n'a pas abandonné le réemploi", notamment de ses bouteilles en verre, "en Angleterre, en Italie, il n'y a rien de réemployable".
Afin d'"accélérer", le Réseau Vrac et Réemploi, qui fédère notamment 500 entreprises adhérentes, propose une dizaine de leviers qu'il soumettra à la signature des participants du salon.
- Le cadre législatif est déjà là -
Parmi ces pistes, "standardiser les produits" (emballages et pièces détachées) pour "optimiser les flux" ou encore "construire et mutualiser des infrastructures de réemploi" entre acteurs, qu'il s'agisse du transport, du stockage, du lavage ou de la réparation.
Pour Mme Rennesson, ces deux leviers, notamment, peuvent favoriser un tri et un lavage "en masse" et donc une baisse des coûts pour les industriels.
Des préceptes observés en grande partie pour le lancement en juin prochain par l'éco-organisme Citeo d'une expérimentation à grande échelle de la consigne pour la réutilisation des emballages en verre, dans un grand quart nord-ouest de l'Hexagone (Bretagne, Pays-de-la-Loire, Normandie et Hauts-de-France).
"Ca va marcher dès qu'on l'aura physiquement déployée sur le terrain parce que ça va faire un appel d'air", a assuré Mme Rennesson.
"La seule solution aujourd'hui qui peut nous permettre de continuer à produire, à consommer, évidemment pas à outrance, mais sans renier notre qualité et notre confort de vie, (...) c'est l'économie du réemploi, de la réutilisation, de la réparation, du reconditionnement", a martelé Mme Rennesson qui, au-delà des emballages, étend le constat aux batteries et aux équipements électriques, qui auront cette année leur place au salon, aux côtés des équipements et mobiliers professionnels, autre nouveauté.
"La chance qu'on a en France, c'est qu'on a un socle législatif, les lois, on les a déjà, (...) mais il nous faut un pouvoir politique qui applique ces lois et entraîne avec lui le corps industriel", a conclu Mme Rennesson. Pour elle, "l'instabilité politique" des derniers mois a aggravé les difficultés liées aux incertitudes économiques, qui ont fait passer au second plan les efforts des entreprises en matière de durabilité de leurs produits et de leurs emballages.