Palmiers: un expert s'inquiète de l'évolution prochaine de la réglementation

Le président du Collectif Méditerranée pour la sauvegarde des palmiers Michel Ferry s'inquiète de l'évolution prochaine de la réglementation de la lutte contre le charançon rouge qui décime les palmiers du littoral français depuis dix ans, plaidant pour l'ouverture rapide d'une consultation nationale.

Dans un courriel envoyé à l'Anses, l'agence de sécurité sanitaire, transmis vendredi à l'AFP, il demande que "l'Anses et la Direction générale de l'agriculture organisent très vite une consultation ouverte aux principaux acteurs concernés afin que ce problème très grave, non seulement en France mais aussi au niveau international, en particulier en Afrique du Nord, soit traité avec le sérieux qui s'impose".

L'arrêté ministériel en vigueur depuis 2010 contre le charançon rouge est devenu caduque en 2018 en raison d'un changement de réglementation au niveau européen.

Le ministère de l'Agriculture doit prendre un nouvel arrêté, avec à la clé le maintien ou non du régime obligatoire de lutte contre le charançon sur tout le territoire et l'action en zone infestée. La lutte est compliquée par des questions de coûts, de coordination, notamment avec les particuliers, parfois simples résidents secondaires.

Classé danger sanitaire de 1ère catégorie, le charançon a déjà décimé des dizaines de milliers de palmiers en France, principalement sur le littoral méditerranéen où l'Anses estime que son éradication est devenue quasiment impossible, dans un avis rendu en décembre.

"L'Anses a fourni un avis dont les conclusions ne sont pas fondées", soutient Michel Ferry, expert auprès de la FAO -l'agence de l'ONU pour l'agriculture et l'alimentation - qui est aussi le directeur scientifique d'une station de recherche sur les palmiers à Elche en Espagne. "La ville de Nice a adopté depuis 2015 une stratégie identique à celle proposée par l'Anses dans cet avis. Conséquence: en deux ans, la majorité des palmiers des Canaries patrimoniaux de la ville ont disparu", accuse-t-il.

"Le rapport ne dit pas ou n'a jamais dit qu'il ne fallait plus lutter (contre le charançon) ou qu'on ne pouvait plus le faire", se défend le chef du laboratoire de santé des végétaux de l'Anses Philippe Reignault, interrogé par l'AFP.

"Parmi les différents scénarios théoriques, on peut envisager de protéger prioritairement les palmiers patrimoniaux qui peuvent l'être, ce qui veut dire que les autres risquent de ne pas être sauvés, mais aucunement nous ne disons qu'il faut faire cela", assure-t-il: "Ce n'est que l'un des sous-scénarios possible (...) Les gestionnaires du risque, l'Etat et les collectivités locales, prendront des dispositions en fonction de leurs contraintes locales".

En 2018, plusieurs élus se sont également alarmés de l'avenir de la réglementation, tel le député LR Bernard Brochand, ancien maire de Cannes où les palmiers de la Croisette sont menacés.

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